Titre : La formation aux cultures numériques
Sous-titre : Une nouvelle pédagogie pour une culture de l'information à l'heure numérique
Auteur : Olivier Le Deuff
Broché : 160 pages
Éditeur : FYP Éditions
Collection : Société de la connaissance
Mots clés : Sciences de l’information / Pédagogie / Langage / Nouvelles technologies
Langue : Français
EAN 13 : 978-2916571546
La description sur le site de l'éditeur est ici.
Former aux « cultures numériques » : c'est l'ambitieux projet de l'ouvrage d'Olivier Le Deuff, docteur en sciences de l’information et de la communication, titulaire du Capes de documentation et maître de conférences à l’université de Bordeaux 3, qui a exercé pendant plusieurs années comme professeur-documentaliste en collège et en lycée.
La table des matières est alléchante. Après lecture, on distingue une première partie de trois chapitres orientés vers un état des lieux et une mise en contexte. L'ouvrage aborde la culture à l'ère numérique, couvre six enjeux et obstacles et fait un sort aux « mythes » de la société de l'information et aux « digital natives ». La seconde partie est orientée vers la prospective et la proposition, introduisant, en quatre chapitres, les « littératies » du numérique, l'état de majorité de l'usage de la culture, l'écriture de soi et la veille collective avant de conclure par un chapitre consacré aux réformes.
On peut saluer le caractère structurant du livre et la volonté délibérée de déminer un terrain encombré de lieux communs et mauvaises interprétations. En particulier, la transformation de « natifs du numériques » en « naïfs du numériques » est amusante, la référence aux « milieux associés » (présentés par Bernard Stiegler) est à propos et la mise en avant de la « littératie » et de l'état de majorité sont intéressants. Le croisement entre numérique et sérendipité (l'heureuse rencontre) l'est également.
On saluera enfin la bonne volonté et les bonnes intentions de se démarquer d'un numérique subordonné à la puissance du capitalisme ainsi que la variété des références, hors hexagone et hors langue française en particulier.
Le résultat est cependant quasi intégralement décevant. Le propos est émaillé de « tout le monde sait bien que » non argumentés et combinés à un manque de distance dans l'observation. Cela donne un résultat très superficiel qui ne prend aucunement en compte le caractère sur-déterminant de la manière dont le numérique s'est développé, en particulier via la puissance du capitalisme dénoncé par ailleurs mais qui, au final, peut dormir sur ses deux oreilles. On croirait qu'il s'agit d'autant de portes ouvertes enfoncées si ces portes ne débouchaient sur autant d'impasses pour cause de faiblesse méthodologique générale.
La conclusion laisse carrément sur sa faim : au-delà de postures qui se veulent comme renversant la table, elle reste dans le cadre de l'employabilité et des gros joueurs du numérique, le tout sous couvert d'attention à de « jeunes générations » qui n'ont pas mérité ça et auxquels les références incessantes apparaissent de moins en moins bienveillantes et donnent l'impression au lecteur de participer à une discussion de retraités. La fiction qui tente d'illustrer la conclusion égratigne (sous pseudo) Apple et Microsoft mais la ficelle apparaît d'autant plus grosse qu'elle n'est rattachée à rien du tout. Tout juste consacre t-elle le professeur-documentaliste, métier de base de l'auteur (un hasard sans doute), comme figure héroïque de la résistance.
Pour compléter le tableau, la quantité de fautes grammaticales, de conjugaison ou d'orthographe finissent par faire hurler. Bravo à l'éditeur « Fyp » et à la collection « Société de la connaissance » : si le but était de renforcer les détracteurs primaires du numérique qui prétendent que ce dernier empêche de savoir écrire et penser, c'est réussi.
Bref, est-ce méchant ? Non. L'achat et le temps consacré à la lecture de cet ouvrage sont-ils les meilleurs investissements dans le domaine ? Non plus.
Sous-titre : Une nouvelle pédagogie pour une culture de l'information à l'heure numérique
Auteur : Olivier Le Deuff
Broché : 160 pages
Éditeur : FYP Éditions
Collection : Société de la connaissance
Mots clés : Sciences de l’information / Pédagogie / Langage / Nouvelles technologies
Langue : Français
EAN 13 : 978-2916571546
La description sur le site de l'éditeur est ici.
Former aux « cultures numériques » : c'est l'ambitieux projet de l'ouvrage d'Olivier Le Deuff, docteur en sciences de l’information et de la communication, titulaire du Capes de documentation et maître de conférences à l’université de Bordeaux 3, qui a exercé pendant plusieurs années comme professeur-documentaliste en collège et en lycée.
La table des matières est alléchante. Après lecture, on distingue une première partie de trois chapitres orientés vers un état des lieux et une mise en contexte. L'ouvrage aborde la culture à l'ère numérique, couvre six enjeux et obstacles et fait un sort aux « mythes » de la société de l'information et aux « digital natives ». La seconde partie est orientée vers la prospective et la proposition, introduisant, en quatre chapitres, les « littératies » du numérique, l'état de majorité de l'usage de la culture, l'écriture de soi et la veille collective avant de conclure par un chapitre consacré aux réformes.
On peut saluer le caractère structurant du livre et la volonté délibérée de déminer un terrain encombré de lieux communs et mauvaises interprétations. En particulier, la transformation de « natifs du numériques » en « naïfs du numériques » est amusante, la référence aux « milieux associés » (présentés par Bernard Stiegler) est à propos et la mise en avant de la « littératie » et de l'état de majorité sont intéressants. Le croisement entre numérique et sérendipité (l'heureuse rencontre) l'est également.
On saluera enfin la bonne volonté et les bonnes intentions de se démarquer d'un numérique subordonné à la puissance du capitalisme ainsi que la variété des références, hors hexagone et hors langue française en particulier.
Le résultat est cependant quasi intégralement décevant. Le propos est émaillé de « tout le monde sait bien que » non argumentés et combinés à un manque de distance dans l'observation. Cela donne un résultat très superficiel qui ne prend aucunement en compte le caractère sur-déterminant de la manière dont le numérique s'est développé, en particulier via la puissance du capitalisme dénoncé par ailleurs mais qui, au final, peut dormir sur ses deux oreilles. On croirait qu'il s'agit d'autant de portes ouvertes enfoncées si ces portes ne débouchaient sur autant d'impasses pour cause de faiblesse méthodologique générale.
La conclusion laisse carrément sur sa faim : au-delà de postures qui se veulent comme renversant la table, elle reste dans le cadre de l'employabilité et des gros joueurs du numérique, le tout sous couvert d'attention à de « jeunes générations » qui n'ont pas mérité ça et auxquels les références incessantes apparaissent de moins en moins bienveillantes et donnent l'impression au lecteur de participer à une discussion de retraités. La fiction qui tente d'illustrer la conclusion égratigne (sous pseudo) Apple et Microsoft mais la ficelle apparaît d'autant plus grosse qu'elle n'est rattachée à rien du tout. Tout juste consacre t-elle le professeur-documentaliste, métier de base de l'auteur (un hasard sans doute), comme figure héroïque de la résistance.
Pour compléter le tableau, la quantité de fautes grammaticales, de conjugaison ou d'orthographe finissent par faire hurler. Bravo à l'éditeur « Fyp » et à la collection « Société de la connaissance » : si le but était de renforcer les détracteurs primaires du numérique qui prétendent que ce dernier empêche de savoir écrire et penser, c'est réussi.
Bref, est-ce méchant ? Non. L'achat et le temps consacré à la lecture de cet ouvrage sont-ils les meilleurs investissements dans le domaine ? Non plus.