Titre : Nulle part où se cacher (titre anglais: No place to hide) Sous-titre : L'affaire Snowden par celui qui l'a révélée au monde
Auteur : Glenn Greenwald
Broché : 360 pages
Éditeur : JC Lattès
Mots clés : Internet / Nouvelles technologies / Espionnage / Vie privée / Libertés individuelles
Langue : Français (traduit de l'anglais)
ISBN: 978-2709646154
Nulle part où se cacher - Comment Glenn Greenwald a révélé l’affaire Snowden au monde
Dans « No place to hide », (« Nulle part où se cacher », en Français), Glenn Greenwald raconte par le menu comment il a rencontré Edward Snowden, ex-agent de la NSA (National Security Agency) états-unienne, et révélé à la face du monde la profondeur de l’espionnage planétaire mis en place par cette agence sur les communications électroniques (Internet, téléphone, fax,…) de TOUS les habitants de la planète.
Immunité
La première leçon que je tire de la lecture de cet ouvrage est de n’accorder AUCUN crédit a priori à aucune des accusations portées sur les « whistle blowers », les lanceurs d’alerte. Snowden a reçu les siennes (traître, narcissique, looser en quête de reconnaissance). Julian Assange, de Wikileaks, également (viol) et Bradley/Chelsea Manning également (troubles liés à la perte d’identité sexuelle). Il y a plusieurs raisons à cela. L’une est que les lanceurs d’alerte deviennent instantanément la cible des organisations auxquels ils s’attaquent, devenant ainsi les premières victimes du système sécuritaire auquel ils s’attaquent. Ces organisations savent tout d’eux, peuvent monter n’importe quel élément en épingle, le sortant de son contexte, détournant l’attention en tout cas. Au besoin, ces agences de renseignement peuvent créer des faits de toutes pièces, tout étant bon pour décrédibiliser le lanceur d’alerte. Une autre conclusion est que si les lanceurs d’alerte sont nécessaires pour révéler le Big Brother qui se met en place, c’est de plus en plus parce que le biotope de la presse s’est profondément transformé. Où sont passés les journalistes d’investigation plus ou moins miséreux, trouvant leur énergie dans la passion d’exercer leur fonction de 4ème pouvoir ? Entre des patrons de presse ou des vedettes du show-business multimillionnaires et des pigistes précaires, ils ont largement disparu. Greenwald détaille par le menu les connivences entre pouvoirs politique et médiatique, qui se servent mutuellement la soupe, les premiers veillant à gratifier les seconds de leurs grâces, les seconds mangeant littéralement dans la main des premiers. Les lanceurs d’alerte sont la mauvaise conscience de ce système médiatique corrompu (et ce n’est pas le film « Les nouveaux chiens de garde » qui va nous détromper). Que ce système rejette de la plus violente des manières ces intrus, ces individus qui ne respectent pas les règles non-écrites va de soi.
Les lanceurs d’alerte ont donc besoin de notre immunité a priori. Il est tout à fait possible que l’un ait des pratiques sexuelles hors norme, que l’autre ne paie pas ses amendes de roulage ou qu’une vidéo prouve qu’un troisième se gratte le nez (voir pire). Qu’y a-t-il de plus ridicule qu’un individu montré en train de se gratter le nez (voir pire) ? Comment lui accorder du crédit ? C’est précisément le but de la manœuvre : décrédibiliser, faire le vide, de telle sorte que personne n’ait envie d’être associé à une telle personne.
Le monde en deux camps
Ces manœuvres touchent à la représentation du monde selon Saint Sécuritaire : il y a les braves gens (vous et moi, surtout moi d’ailleurs) et les autres. Elles font basculer les lanceurs d’alerte du côté obscur de la force. Ça tombe bien, les législations sécuritaires fonctionnent précisément selon ce principe : les braves gens n’ont rien à craindre. Mieux : les lanceurs d’alerte révèlent que les agences de renseignement EXCÈDENT les mandats donnés par les lois sécuritaires, dont aucune n’a jamais prévu l’interception et le stockage de l’essentiel de nos conversations.
Greenwald revient à loisir sur les déclarations des patrons de presse ou dirigeants d’entreprises technologiques (Eric Schmidt de Google ou Mark Zuckerberg de Facebook), selon lesquels la vie privée est à géométrie variable, l’idée étant que « si vous ne voulez pas que le Monde sache que vous avez fait quelque chose de mal, le mieux est de ne pas l’avoir fait » (Eric Schmidt).
Le monde de la surveillance généralisée repose sur cette idée simple : si vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez rien à craindre de la surveillance. Sauf qu’évidemment la conscience d’être surveillé modifie d’autant plus profondément les comportements, la créativité ou la simple déconnade que la conscience de ce que la surveillance peut être partout est profonde. Il n’est pas besoin de poser des caméras partout pour avoir des citoyens filant droit : il suffit que chacun sache qu’il est peut-être observé pour obtenir le même résultat. Le camp des « braves gens » est ainsi engendré : un troupeau de moutons inquiets d’être observés se grattant le nez (ou pire).
Au travers des 360 pages de son ouvrage, Glenn Greenwald nous explique qu’il n’y a pas de frontière à la société du Big Brother. Cette société en est arrivée à filtrer l’essentiel des communications faisant usage des ondes électromagnétiques. Mais d’accepter l’installation de caméras de surveillance partout, sans justification, est déjà le ver dans le fruit.
C(e n)’est (pas) arrivé près de chez nous…
Oui bien sûr, nos braves chaussettes à clous n’ont pas les moyens de la NSA. Oui, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de presse à museler. Moyennant quoi la NSA (et son homologue britannique, le CGHQ) déploient leurs tentacules à l’échelle de la planète tout entière. Moyennant quoi également les États-Unis ont mis en place une coopération renforcée avec les « Five Eyes » : outre les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui fonctionnent main dans la main et mettent à disposition tous les moyens nécessaires au « grand frère » américain. Suivent de près un ensemble de pays (dont la Belgique) qui sont autant de fidèles vassaux des États-Unis et dont les dirigeants (mis à part Angela Merkel, dont le téléphone personnel fut mis sur écoute) n’ont pas protesté contre notre mise en coupe réglée par la NSA.
A titre d’exemple cité par Greenwald, l’ordinateur portable de son mari (résidant au Brésil) fut volé peu après que, de Hong-Kong, Glenn Greenwald lui ait dit par Skype qu’il allait lui transférer les fichiers de Snowden… Cet ordinateur fut dérobé le lendemain. Plus tard, en transit à Londres, en route du Brésil vers Berlin pour aller physiquement prendre livraison de dossiers informatiques, le même mari fut soustrait par les services de sécurité britanniques aux lois ordinaires, pour tomber sous le coup des lois anti-terroristes, avec tous les risques que cela comporte de disparaître sans laisser de traces…
Technologie/phobie
Jusqu’ici, je n’ai pas dit grand-chose du contenu exact du livre de Glenn Greenwald, sauf que le système de surveillance dénoncé par sa source, Edward Snowden, était basé sur l’utilisation de la technologie numérique.
Rien de la pieuvre mise en place par la NSA ne serait possible sans la complicité active des grandes sociétés états-uniennes de technologie. Ainsi, Edward Snowden travailla un moment pour Dell, fabriquant d’ordinateur et sous-traitant de la NSA pour la mise en place de l’infrastructure informatique nécessaire à cette hyper-surveillance. Snowden évoque ainsi la complicité active, à des degrés divers, de Google, de Facebook, de Microsoft, de divers opérateurs de télécommunication états-uniens dans la mise en place des éléments techniques permettant à la NSA de nous tracer lorsque nous utilisons ces systèmes. Se départir de ces fournisseurs de service et recourir à la cryptographie est l’unique solution. Même si (comme moi) nous n’avons pas grand-chose de croustillant à offrir aux agences de sécurité, travailler en utilisant des systèmes cryptés est, a minima, une mesure de solidarité avec celles et ceux dont les informations ont réellement besoin d’être protégées, en ceci que cela ralentit la « pieuvre ».
L’accès généralisé et bon marché à la technologie peut être un bienfait pour l’Humanité, qui peut ainsi se connecter, partager, échanger, co-créer. S’en défier au motif de la surveillance serait une faute pour son progrès (à l’humanité). Autant poursuivre son utilisation, conscients des mesures à prendre.
Bon, et ce bouquin, ça vient oui ou non ?
Non, ça ne vient pas. Je n’en dirai rien de plus. Je voulais juste relever son importance, vous inciter à l’acheter ou l’emprunter, à la lire, vite, et à encourager vos connaissances à faire pareil.
Auteur : Glenn Greenwald
Broché : 360 pages
Éditeur : JC Lattès
Mots clés : Internet / Nouvelles technologies / Espionnage / Vie privée / Libertés individuelles
Langue : Français (traduit de l'anglais)
ISBN: 978-2709646154
Nulle part où se cacher - Comment Glenn Greenwald a révélé l’affaire Snowden au monde
Dans « No place to hide », (« Nulle part où se cacher », en Français), Glenn Greenwald raconte par le menu comment il a rencontré Edward Snowden, ex-agent de la NSA (National Security Agency) états-unienne, et révélé à la face du monde la profondeur de l’espionnage planétaire mis en place par cette agence sur les communications électroniques (Internet, téléphone, fax,…) de TOUS les habitants de la planète.
Immunité
La première leçon que je tire de la lecture de cet ouvrage est de n’accorder AUCUN crédit a priori à aucune des accusations portées sur les « whistle blowers », les lanceurs d’alerte. Snowden a reçu les siennes (traître, narcissique, looser en quête de reconnaissance). Julian Assange, de Wikileaks, également (viol) et Bradley/Chelsea Manning également (troubles liés à la perte d’identité sexuelle). Il y a plusieurs raisons à cela. L’une est que les lanceurs d’alerte deviennent instantanément la cible des organisations auxquels ils s’attaquent, devenant ainsi les premières victimes du système sécuritaire auquel ils s’attaquent. Ces organisations savent tout d’eux, peuvent monter n’importe quel élément en épingle, le sortant de son contexte, détournant l’attention en tout cas. Au besoin, ces agences de renseignement peuvent créer des faits de toutes pièces, tout étant bon pour décrédibiliser le lanceur d’alerte. Une autre conclusion est que si les lanceurs d’alerte sont nécessaires pour révéler le Big Brother qui se met en place, c’est de plus en plus parce que le biotope de la presse s’est profondément transformé. Où sont passés les journalistes d’investigation plus ou moins miséreux, trouvant leur énergie dans la passion d’exercer leur fonction de 4ème pouvoir ? Entre des patrons de presse ou des vedettes du show-business multimillionnaires et des pigistes précaires, ils ont largement disparu. Greenwald détaille par le menu les connivences entre pouvoirs politique et médiatique, qui se servent mutuellement la soupe, les premiers veillant à gratifier les seconds de leurs grâces, les seconds mangeant littéralement dans la main des premiers. Les lanceurs d’alerte sont la mauvaise conscience de ce système médiatique corrompu (et ce n’est pas le film « Les nouveaux chiens de garde » qui va nous détromper). Que ce système rejette de la plus violente des manières ces intrus, ces individus qui ne respectent pas les règles non-écrites va de soi.
Les lanceurs d’alerte ont donc besoin de notre immunité a priori. Il est tout à fait possible que l’un ait des pratiques sexuelles hors norme, que l’autre ne paie pas ses amendes de roulage ou qu’une vidéo prouve qu’un troisième se gratte le nez (voir pire). Qu’y a-t-il de plus ridicule qu’un individu montré en train de se gratter le nez (voir pire) ? Comment lui accorder du crédit ? C’est précisément le but de la manœuvre : décrédibiliser, faire le vide, de telle sorte que personne n’ait envie d’être associé à une telle personne.
Le monde en deux camps
Ces manœuvres touchent à la représentation du monde selon Saint Sécuritaire : il y a les braves gens (vous et moi, surtout moi d’ailleurs) et les autres. Elles font basculer les lanceurs d’alerte du côté obscur de la force. Ça tombe bien, les législations sécuritaires fonctionnent précisément selon ce principe : les braves gens n’ont rien à craindre. Mieux : les lanceurs d’alerte révèlent que les agences de renseignement EXCÈDENT les mandats donnés par les lois sécuritaires, dont aucune n’a jamais prévu l’interception et le stockage de l’essentiel de nos conversations.
Greenwald revient à loisir sur les déclarations des patrons de presse ou dirigeants d’entreprises technologiques (Eric Schmidt de Google ou Mark Zuckerberg de Facebook), selon lesquels la vie privée est à géométrie variable, l’idée étant que « si vous ne voulez pas que le Monde sache que vous avez fait quelque chose de mal, le mieux est de ne pas l’avoir fait » (Eric Schmidt).
Le monde de la surveillance généralisée repose sur cette idée simple : si vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez rien à craindre de la surveillance. Sauf qu’évidemment la conscience d’être surveillé modifie d’autant plus profondément les comportements, la créativité ou la simple déconnade que la conscience de ce que la surveillance peut être partout est profonde. Il n’est pas besoin de poser des caméras partout pour avoir des citoyens filant droit : il suffit que chacun sache qu’il est peut-être observé pour obtenir le même résultat. Le camp des « braves gens » est ainsi engendré : un troupeau de moutons inquiets d’être observés se grattant le nez (ou pire).
Au travers des 360 pages de son ouvrage, Glenn Greenwald nous explique qu’il n’y a pas de frontière à la société du Big Brother. Cette société en est arrivée à filtrer l’essentiel des communications faisant usage des ondes électromagnétiques. Mais d’accepter l’installation de caméras de surveillance partout, sans justification, est déjà le ver dans le fruit.
C(e n)’est (pas) arrivé près de chez nous…
Oui bien sûr, nos braves chaussettes à clous n’ont pas les moyens de la NSA. Oui, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de presse à museler. Moyennant quoi la NSA (et son homologue britannique, le CGHQ) déploient leurs tentacules à l’échelle de la planète tout entière. Moyennant quoi également les États-Unis ont mis en place une coopération renforcée avec les « Five Eyes » : outre les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui fonctionnent main dans la main et mettent à disposition tous les moyens nécessaires au « grand frère » américain. Suivent de près un ensemble de pays (dont la Belgique) qui sont autant de fidèles vassaux des États-Unis et dont les dirigeants (mis à part Angela Merkel, dont le téléphone personnel fut mis sur écoute) n’ont pas protesté contre notre mise en coupe réglée par la NSA.
A titre d’exemple cité par Greenwald, l’ordinateur portable de son mari (résidant au Brésil) fut volé peu après que, de Hong-Kong, Glenn Greenwald lui ait dit par Skype qu’il allait lui transférer les fichiers de Snowden… Cet ordinateur fut dérobé le lendemain. Plus tard, en transit à Londres, en route du Brésil vers Berlin pour aller physiquement prendre livraison de dossiers informatiques, le même mari fut soustrait par les services de sécurité britanniques aux lois ordinaires, pour tomber sous le coup des lois anti-terroristes, avec tous les risques que cela comporte de disparaître sans laisser de traces…
Technologie/phobie
Jusqu’ici, je n’ai pas dit grand-chose du contenu exact du livre de Glenn Greenwald, sauf que le système de surveillance dénoncé par sa source, Edward Snowden, était basé sur l’utilisation de la technologie numérique.
Rien de la pieuvre mise en place par la NSA ne serait possible sans la complicité active des grandes sociétés états-uniennes de technologie. Ainsi, Edward Snowden travailla un moment pour Dell, fabriquant d’ordinateur et sous-traitant de la NSA pour la mise en place de l’infrastructure informatique nécessaire à cette hyper-surveillance. Snowden évoque ainsi la complicité active, à des degrés divers, de Google, de Facebook, de Microsoft, de divers opérateurs de télécommunication états-uniens dans la mise en place des éléments techniques permettant à la NSA de nous tracer lorsque nous utilisons ces systèmes. Se départir de ces fournisseurs de service et recourir à la cryptographie est l’unique solution. Même si (comme moi) nous n’avons pas grand-chose de croustillant à offrir aux agences de sécurité, travailler en utilisant des systèmes cryptés est, a minima, une mesure de solidarité avec celles et ceux dont les informations ont réellement besoin d’être protégées, en ceci que cela ralentit la « pieuvre ».
L’accès généralisé et bon marché à la technologie peut être un bienfait pour l’Humanité, qui peut ainsi se connecter, partager, échanger, co-créer. S’en défier au motif de la surveillance serait une faute pour son progrès (à l’humanité). Autant poursuivre son utilisation, conscients des mesures à prendre.
Bon, et ce bouquin, ça vient oui ou non ?
Non, ça ne vient pas. Je n’en dirai rien de plus. Je voulais juste relever son importance, vous inciter à l’acheter ou l’emprunter, à la lire, vite, et à encourager vos connaissances à faire pareil.