Pour commenter le scrutin français du 23 avril 2017, commençons par le plus difficile: balayer devant sa porte et pointer les aspects négatifs révélés par les chiffres concernant Jean-Luc Mélenchon, mon favori, représentant la France Insoumise. Des scores impressionnants sont à relever en de nombreux endroits. Mélenchon arrive en tête, quelquefois largement, dans de nombreuses villes. Pointons Toulouse, ville passée à droite aux dernières élections municipales, Lille, où on aurait pu craindre une victoire de l'extrême-droite ou encore les départements de l'est parisien et la proche banlieue de Seine-Saint-Denis (Saint-Denis, Montreuil, Bagnolet) ou encore Marseille, Montpellier ou Le Havre. A coté des ces beaux résultats, Mélenchon n'arrive en tête dans aucune région de France Métropolitaine et perd beaucoup de terrain dans les bastions de l'extrême-droite (Alsace ou PACA). Bref, les bons résultats de Mélenchon sont trop concentrés, manifestation classique du phénomène qui veut que la voix d'un électeur militant très convaincu ne vaut pas plus que celle d'un électeur moins motivé.
La grande bonne nouvelle est que l'électorat en faveur d'un changement de régime (Mélenchon, Hamon), d'une sixième République, représente 26% des suffrages. Compte tenu de l'annonce de Philippe Poutou et de Benoit Hamon d'un appel à voter Mélenchon s'il avait été présent au second tour, on mesure le caractère proprement historique de l'événement à côté duquel nous sommes passés au soir du 23 avril. L'histoire jugera des responsabilités, d'autant que l'écart entre Le Pen, 2ème, et Mélenchon, 4ème, est extraordinairement faible, presqu'aussi faible qu'entre Macron et Le Pen.
Au rayon des bonnes nouvelles toujours, la candidate qui n'a pas réussi à faire condamner Mélenchon lorsqu'il l'a traitée de fasciste, n'arrive pas en tête, contrairement à ce qui était craint et annoncé de longue date. Tenter de comprendre pourquoi ne débouche pas que sur d'autres bonnes nouvelles. On ne peut que se réjouir, en regardant la carte des résultats, de ce que Mélenchon s'impose comme capable de capter l'électorat populaire comme cela a été relevé plus haut pour la Seine-Saint-Denis ou certains endroits du Nord. Cependant, si Le Pen est devancée par Macron, cela peut également s'expliquer par le positionnement très conservateur de Fillon et de ses soutiens catholiques fervents. Il est dès lors difficile d'imaginer que cette part là de l'électorat de Fillon va se reporter en bloc sur Macron, pas plus qu'il n'est certain que l'électorat populaire qui n'a pas porté son choix sur Le Pen au premier tour ne le fasse pas en partie au second.
On peut d'autant plus en douter que l'attitude de Macron ne cesse de surprendre, sans qu'il soit possible de trancher entre arrogance et naïveté. Peut-être n'est-ce pas simplement pas possible. Là où, il y a 15 ans, Jacques Chirac était empreint de gravité, aujourd'hui, le jeune impétrant festoie. A t-il eu jusqu'ici un seul mot appelant au rassemblement des démocrates derrière lui? A t-il eu une seule posture suggérant que son attitude différera du même Chirac s'il est élu?
Tout se passe au contraire comme si un plan se déroulait comme prévu. Car enfin, le même Macron aurait tout de même été bien embêté de se trouver face à Fillon, sur le mode « bonnet blanc et blanc bonnet ». Face à Mélenchon, cela aurait été clairement une difficile opposition entre classes populaires et classes nanties. Le Pen est la meilleure chance pour Macron d'accéder à la magistrature suprême (chance pour ses nombreux soutiens, surtout). Partant de là, partant du faible écart entre Le Pen, Fillon et Mélenchon, la manière implacable dont médias publics et privés ont pillonné Mélenchon prend une toute autre couleur : celle d'une machination cynique.
Macron est un démocrate, Le Pen non, et cela fait une différence énorme : rien ne laisse penser que le premier se réclame d'une tradition politique où l'on ouvre des camps ou où l'on commet des ratonnades. Si ce premier veut l'emporter sur cette seconde, c'est à lui à se montrer rassembleur dans ce contexte unique où les scores des quatre premiers candidats au premier tour sont si rapprochés. C'est à lui à étudier ses classiques, ce qui est particulièrement facile lorsqu'ils sont récents. Que Macron ait un score plus élevé que celui de Mélenchon n'est pas sans rappeler la victoire d'Hillary Clinton sur Bernie Sanders à la primaire démocrate. On connait la suite.
Ceux des électeurs des sept petits candidats qui ne s'abstiendront pas ont toutes les chances de se répartir à peu près également entre Le Pen et Macron. Il n'existe pas de scénario de report massif des électeurs de Fillon sur Macron. L'heure est moins que jamais à traiter son électorat comme du bétail que l'on mène dans un champ plutôt que dans un autre. A Macron donc à montrer qu'il vaut mieux que les grosses inquiétudes qu'il m'inspire.
La grande bonne nouvelle est que l'électorat en faveur d'un changement de régime (Mélenchon, Hamon), d'une sixième République, représente 26% des suffrages. Compte tenu de l'annonce de Philippe Poutou et de Benoit Hamon d'un appel à voter Mélenchon s'il avait été présent au second tour, on mesure le caractère proprement historique de l'événement à côté duquel nous sommes passés au soir du 23 avril. L'histoire jugera des responsabilités, d'autant que l'écart entre Le Pen, 2ème, et Mélenchon, 4ème, est extraordinairement faible, presqu'aussi faible qu'entre Macron et Le Pen.
Au rayon des bonnes nouvelles toujours, la candidate qui n'a pas réussi à faire condamner Mélenchon lorsqu'il l'a traitée de fasciste, n'arrive pas en tête, contrairement à ce qui était craint et annoncé de longue date. Tenter de comprendre pourquoi ne débouche pas que sur d'autres bonnes nouvelles. On ne peut que se réjouir, en regardant la carte des résultats, de ce que Mélenchon s'impose comme capable de capter l'électorat populaire comme cela a été relevé plus haut pour la Seine-Saint-Denis ou certains endroits du Nord. Cependant, si Le Pen est devancée par Macron, cela peut également s'expliquer par le positionnement très conservateur de Fillon et de ses soutiens catholiques fervents. Il est dès lors difficile d'imaginer que cette part là de l'électorat de Fillon va se reporter en bloc sur Macron, pas plus qu'il n'est certain que l'électorat populaire qui n'a pas porté son choix sur Le Pen au premier tour ne le fasse pas en partie au second.
On peut d'autant plus en douter que l'attitude de Macron ne cesse de surprendre, sans qu'il soit possible de trancher entre arrogance et naïveté. Peut-être n'est-ce pas simplement pas possible. Là où, il y a 15 ans, Jacques Chirac était empreint de gravité, aujourd'hui, le jeune impétrant festoie. A t-il eu jusqu'ici un seul mot appelant au rassemblement des démocrates derrière lui? A t-il eu une seule posture suggérant que son attitude différera du même Chirac s'il est élu?
Tout se passe au contraire comme si un plan se déroulait comme prévu. Car enfin, le même Macron aurait tout de même été bien embêté de se trouver face à Fillon, sur le mode « bonnet blanc et blanc bonnet ». Face à Mélenchon, cela aurait été clairement une difficile opposition entre classes populaires et classes nanties. Le Pen est la meilleure chance pour Macron d'accéder à la magistrature suprême (chance pour ses nombreux soutiens, surtout). Partant de là, partant du faible écart entre Le Pen, Fillon et Mélenchon, la manière implacable dont médias publics et privés ont pillonné Mélenchon prend une toute autre couleur : celle d'une machination cynique.
Macron est un démocrate, Le Pen non, et cela fait une différence énorme : rien ne laisse penser que le premier se réclame d'une tradition politique où l'on ouvre des camps ou où l'on commet des ratonnades. Si ce premier veut l'emporter sur cette seconde, c'est à lui à se montrer rassembleur dans ce contexte unique où les scores des quatre premiers candidats au premier tour sont si rapprochés. C'est à lui à étudier ses classiques, ce qui est particulièrement facile lorsqu'ils sont récents. Que Macron ait un score plus élevé que celui de Mélenchon n'est pas sans rappeler la victoire d'Hillary Clinton sur Bernie Sanders à la primaire démocrate. On connait la suite.
Ceux des électeurs des sept petits candidats qui ne s'abstiendront pas ont toutes les chances de se répartir à peu près également entre Le Pen et Macron. Il n'existe pas de scénario de report massif des électeurs de Fillon sur Macron. L'heure est moins que jamais à traiter son électorat comme du bétail que l'on mène dans un champ plutôt que dans un autre. A Macron donc à montrer qu'il vaut mieux que les grosses inquiétudes qu'il m'inspire.