Parmi les quatre élus socialistes et écologistes francophones au Parlement Européen, il ne s’en est pas trouver un seul pour marquer son opposition à une résolution traitant sur un pied d’égalité nazisme et communisme. Et parmi les trois qui ont voté cette résolution (la quatrième s’est abstenue), il ne s’en est pas trouvé un seul pour me fournir une explication, malgré le fait que nous ayons eu à plusieurs reprises des contacts.
En conséquence, je déclare votre vote comme étant une honte. Honte à l’histoire au premier chef. Honte aux 60 millions de victimes du nazisme ensuite : résistants allemands, tziganes, juifs, villageois de Lidice ou d’Oradour-sur-Glane ou militaires ayant combattu le nazisme. En décrétant une équivalence entre le nazisme et autre chose, quelle que soit cette autre chose, vous souillez la spécificité du sens de leur mort.
Le nazisme est né il y a presque cent ans, au début des années 1920. Il se définit autour d’une vision politique : la suprématie de la race aryenne et la haine mortelle envers les Juifs. Il se définit autour de méthodes d’action : le crime. Le crime non pas au sens de la raison d’État, du combat, d’accidents. Le crime en tant que méthode. Le crime en tant qu’organisation.
Les nazis n’ont pas été les seuls à mettre en œuvre une politique raciste. Mais ils sont été les seuls à la structurer de manière aussi fine (les lois de Nuremberg en 1935), ils ont été les seuls à traduire cette politique en une forme de guerre civile qui a, dès leur accession au pouvoir, déclaré quartier libre à l’expression de toute la violence possible envers ceux qu’ils haïssaient, les Juifs, et envers ceux qui étaient leurs ennemis politiques dès le départ : les communistes et plus généralement les marxistes, exclus immédiatement du Reichstag et, pour beaucoup, déportés dans les semaines qui ont suivi la nomination d’Adolf Hitler comme Chancellier.
Il faut insister sur cela : dès que le nazisme est pensé, au début des années 1920, sa vision suprémaciste pointe la lecture d’une société autour de la notion de classe sociale comme l’ennemi.
Les nazis ont été les seuls à traduire militairement leur vision politique, en envisageant dès le départ la colonisation de l’Europe centrale et de l’Est aux fins d’y installer des allemands aryens, au nom de leur droit à un espace vital. Cette action justifie l’expansion de la fin des années 1930 et justifie les méthodes militaires employées : massacres de populations civiles, traitement inhumain de A à Z des militaires soviétiques.
Enfin, et ce n’est pas un détail, les nazis, en tant que structurellement criminels sont également des voleurs et des pillards absolus.
Enfin, si les nazis n’ont pas inventé les camps de concentration, ils ont été les seuls à concevoir un univers concentrationnaire dont personne ne devait sortir vivant. Que ce soit par privation, par traitements inhumains ou exécutions arbitraires dans les camps de concentration réservés à leurs opposants politiques. Ou que ce soit par les exécutions massives de membres de « races inférieures » : Juifs ou Tziganes.
L’histoire reconnaît plusieurs génocides. Mais il n’y en a eu qu’un seul qui a été pensé, organisé, mis en œuvre comme l’a été la « solution finale » à la conférence de Wannsee en janvier 1942. Il n’y en a eu qu’un seul qui a nécessité pareille logistique, pareil effort, pareils moyens.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, puisque vous semblez tellement férus d’histoire européenne que vous acceptez qu’elle soit officiellement falsifiée et que le résultat soit gravé dans le marbre, puisque vous semblez tellement attachés à l’idée de définir ce qui est commun aux Européens, puisque vous voulez définir un « nous » collectif, représentatif et qui colle à notre histoire contemporaine, laissez moi vous aider.
L’histoire du 20è siècle en Europe est incompréhensible sans mettre en évidence son antisémitisme omniprésent.
Omniprésent, cela veut bien dire « pas uniquement présent en Allemagne ». Et cela veut bien dire que, à la broutille près de leur acharnement envers les communistes allemands, pendant que les lois de Nuremberg étaient promulguées, pendant la Conférence d’Évian, en juillet 1938, consacrée au « problème Juif » et visant à traiter le « problème » des Juifs qui émigraient d’Allemagne et d’Autriche, pendant la Nuit de Cristal du 11 novembre 1938 durant laquelle les Juifs furent victimes d’un pogrom à l’échelle de l’Allemagne, pendant ce temps là, oui, dans tous les pays européens, les antisémites avaient suffisamment d’influence au-delà de leurs cercles pour que nous regardions ailleurs.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, voter cette résolution est équivalent à déchirer une par une les pages de l’ouvrage de Primo Levi, « Si c’est un homme » et à s’en servir comme papier hygiénique.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, l’action d’une femme ou d’un homme ne peut être ramenée à un acte, à un choix, quand bien même il est terrifiant. Je vous demande de répondre à cette simple question : comment pouvez-vous assumer de dévaluer ainsi l’emprise que le nazisme a eue sur l’Humanité en tant qu’ensemble et sur l’humanité en tant que notion de ce qui fait de nous des humains ?
Mesdames et Messieurs les membres, militants, mandataires petits ou grands du Parti Socialiste et d’ECOLO, cette question s’adresse aussi à vous. En l’absence d’examen critique de ce choix posé par les intéressés et indépendamment de la qualité de votre action, votre silence vaudrait approbation.
En conséquence, je déclare votre vote comme étant une honte. Honte à l’histoire au premier chef. Honte aux 60 millions de victimes du nazisme ensuite : résistants allemands, tziganes, juifs, villageois de Lidice ou d’Oradour-sur-Glane ou militaires ayant combattu le nazisme. En décrétant une équivalence entre le nazisme et autre chose, quelle que soit cette autre chose, vous souillez la spécificité du sens de leur mort.
Le nazisme est né il y a presque cent ans, au début des années 1920. Il se définit autour d’une vision politique : la suprématie de la race aryenne et la haine mortelle envers les Juifs. Il se définit autour de méthodes d’action : le crime. Le crime non pas au sens de la raison d’État, du combat, d’accidents. Le crime en tant que méthode. Le crime en tant qu’organisation.
Les nazis n’ont pas été les seuls à mettre en œuvre une politique raciste. Mais ils sont été les seuls à la structurer de manière aussi fine (les lois de Nuremberg en 1935), ils ont été les seuls à traduire cette politique en une forme de guerre civile qui a, dès leur accession au pouvoir, déclaré quartier libre à l’expression de toute la violence possible envers ceux qu’ils haïssaient, les Juifs, et envers ceux qui étaient leurs ennemis politiques dès le départ : les communistes et plus généralement les marxistes, exclus immédiatement du Reichstag et, pour beaucoup, déportés dans les semaines qui ont suivi la nomination d’Adolf Hitler comme Chancellier.
Il faut insister sur cela : dès que le nazisme est pensé, au début des années 1920, sa vision suprémaciste pointe la lecture d’une société autour de la notion de classe sociale comme l’ennemi.
Les nazis ont été les seuls à traduire militairement leur vision politique, en envisageant dès le départ la colonisation de l’Europe centrale et de l’Est aux fins d’y installer des allemands aryens, au nom de leur droit à un espace vital. Cette action justifie l’expansion de la fin des années 1930 et justifie les méthodes militaires employées : massacres de populations civiles, traitement inhumain de A à Z des militaires soviétiques.
Enfin, et ce n’est pas un détail, les nazis, en tant que structurellement criminels sont également des voleurs et des pillards absolus.
Enfin, si les nazis n’ont pas inventé les camps de concentration, ils ont été les seuls à concevoir un univers concentrationnaire dont personne ne devait sortir vivant. Que ce soit par privation, par traitements inhumains ou exécutions arbitraires dans les camps de concentration réservés à leurs opposants politiques. Ou que ce soit par les exécutions massives de membres de « races inférieures » : Juifs ou Tziganes.
L’histoire reconnaît plusieurs génocides. Mais il n’y en a eu qu’un seul qui a été pensé, organisé, mis en œuvre comme l’a été la « solution finale » à la conférence de Wannsee en janvier 1942. Il n’y en a eu qu’un seul qui a nécessité pareille logistique, pareil effort, pareils moyens.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, puisque vous semblez tellement férus d’histoire européenne que vous acceptez qu’elle soit officiellement falsifiée et que le résultat soit gravé dans le marbre, puisque vous semblez tellement attachés à l’idée de définir ce qui est commun aux Européens, puisque vous voulez définir un « nous » collectif, représentatif et qui colle à notre histoire contemporaine, laissez moi vous aider.
L’histoire du 20è siècle en Europe est incompréhensible sans mettre en évidence son antisémitisme omniprésent.
Omniprésent, cela veut bien dire « pas uniquement présent en Allemagne ». Et cela veut bien dire que, à la broutille près de leur acharnement envers les communistes allemands, pendant que les lois de Nuremberg étaient promulguées, pendant la Conférence d’Évian, en juillet 1938, consacrée au « problème Juif » et visant à traiter le « problème » des Juifs qui émigraient d’Allemagne et d’Autriche, pendant la Nuit de Cristal du 11 novembre 1938 durant laquelle les Juifs furent victimes d’un pogrom à l’échelle de l’Allemagne, pendant ce temps là, oui, dans tous les pays européens, les antisémites avaient suffisamment d’influence au-delà de leurs cercles pour que nous regardions ailleurs.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, voter cette résolution est équivalent à déchirer une par une les pages de l’ouvrage de Primo Levi, « Si c’est un homme » et à s’en servir comme papier hygiénique.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, l’action d’une femme ou d’un homme ne peut être ramenée à un acte, à un choix, quand bien même il est terrifiant. Je vous demande de répondre à cette simple question : comment pouvez-vous assumer de dévaluer ainsi l’emprise que le nazisme a eue sur l’Humanité en tant qu’ensemble et sur l’humanité en tant que notion de ce qui fait de nous des humains ?
Mesdames et Messieurs les membres, militants, mandataires petits ou grands du Parti Socialiste et d’ECOLO, cette question s’adresse aussi à vous. En l’absence d’examen critique de ce choix posé par les intéressés et indépendamment de la qualité de votre action, votre silence vaudrait approbation.