Voilà. C'est fait. Les différents parlements belges ont adopté le « pacte budgétaire européen » (ou TSCG, pour Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Raoul-Marc Jennar en a expliqué les modalités dans un article intitulé « Deux traités pour un coup d'état européen ».
Ecolo, mon parti, a fait adopter le TSCG par ses parlementaires des entités fédérées. Cette décision fait suite à un long processus qui a abouti à un vote en ce sens du parlement interne d'Écolo, le Conseil de Fédération. L'adoption (assortie d'exposés de motifs) ne convainc pas tout le monde. La question de savoir comment continuer à travailler ensemble doit d'abord être traitée de manière interne.
Le TSCG impose une austérité budgétaire mécanique. Cela posera des problèmes pratiques dans notre pays et dans nos Régions et Communautés, puisqu'il impose (entre autres) mécaniquement de réduire la dette publique vers les 60 %, sous peine de sanctions automatiques. Les investissements sur l'avenir (énergies renouvelables, transports publics, logements,...) seront touchés en premier lieu, y compris ceux qui auraient généré des économies dans la durée ! La « Règle d'Or » a force de loi indépassable avant tout débat démocratique parlementaire sur le budget annuel des états.
Enfin, l'adoption du TSCG consacre une défaite politique majeure. À l'exception de quelques militants, la population dans son ensemble ne s'est absolument pas emparée du débat. Cette défaite symbolique consacre le renoncement à l'investissement politique, sur le mode « tout cela semble tellement loin et compliqué... » ou « j'ai déjà bien assez de problèmes comme ça » ou encore « qu'on commence par supprimer le gaspillage de... ».
De manière plus grave, cette défaite consacre aussi l'absence de lien de cause à effet entre l'action politique et le quotidien, comme si la vie, ce qu'on voit et sent (des classes scolaires bondées, des transports en commun déficients, les sans-abris, le sous-financement de la culture,...) n'était qu'une série d'anecdotes sans relation avec les politiques menées.
Alors, comme dirait l'autre, que faire ?
Avant tout, prendre ce traité pour ce qu'il est. Depuis le début de la crise de la dette grecque, en 2010, les instances européennes naviguent à vue et sont capables de contourner des traités fondateurs face à un imprévu (par exemple donner des valeurs différentes à une monnaie unique, comme à Chypre ; voir ici). Dans ce contexte, on pourrait sourire de ce qu'un traité d'austérité entre en vigueur alors même que, au Fonds Monétaire International même, on reconnait une « légère erreur de calcul » concernant les effets positifs de l'austérité (voir ici, par exemple) si les conséquences quotidiennes de cette austérité n'étaient pas si dramatiques.
Ensuite, ne pas commettre l'erreur d'attendre que ce beau dispositif se casse la figure. L'austérité (aveugle en particulier) a une fâcheuse tendance à produire des idées d'extrême-droite. L'humain est un drôle d'animal qui s'en prend au premier bouc émissaire venu lorsqu'il souffre sans savoir pourquoi (c'est expliqué ici dans un bouquin écrit par le philosophe Bernard Stiegler). Il faut donc garder les mains dans le cambouis de l'explication au quotidien, dans le combat contre TINA, le « There Is No Alternative » cher aux conservateurs et consacré par le TSCG.
Enfin, l'adoption du TSCG inscrit dans les Constitutions une forme particulièrement virulente de capitalisme financier. On ne peut à la fois soutenir le TSCG et désirer un futur où "le libre développement de tous serait à la fois le but et la condition du libre développement de chacun", puisque la Règle d'Or s'interpose avant ces questions banalement humaines... S'opposer au TSCG et à ses effets à venir revient à combattre un système dans son ensemble.
A minima, on pourra se réjouir d'une telle clarification...
Ecolo, mon parti, a fait adopter le TSCG par ses parlementaires des entités fédérées. Cette décision fait suite à un long processus qui a abouti à un vote en ce sens du parlement interne d'Écolo, le Conseil de Fédération. L'adoption (assortie d'exposés de motifs) ne convainc pas tout le monde. La question de savoir comment continuer à travailler ensemble doit d'abord être traitée de manière interne.
Le TSCG impose une austérité budgétaire mécanique. Cela posera des problèmes pratiques dans notre pays et dans nos Régions et Communautés, puisqu'il impose (entre autres) mécaniquement de réduire la dette publique vers les 60 %, sous peine de sanctions automatiques. Les investissements sur l'avenir (énergies renouvelables, transports publics, logements,...) seront touchés en premier lieu, y compris ceux qui auraient généré des économies dans la durée ! La « Règle d'Or » a force de loi indépassable avant tout débat démocratique parlementaire sur le budget annuel des états.
Enfin, l'adoption du TSCG consacre une défaite politique majeure. À l'exception de quelques militants, la population dans son ensemble ne s'est absolument pas emparée du débat. Cette défaite symbolique consacre le renoncement à l'investissement politique, sur le mode « tout cela semble tellement loin et compliqué... » ou « j'ai déjà bien assez de problèmes comme ça » ou encore « qu'on commence par supprimer le gaspillage de... ».
De manière plus grave, cette défaite consacre aussi l'absence de lien de cause à effet entre l'action politique et le quotidien, comme si la vie, ce qu'on voit et sent (des classes scolaires bondées, des transports en commun déficients, les sans-abris, le sous-financement de la culture,...) n'était qu'une série d'anecdotes sans relation avec les politiques menées.
Alors, comme dirait l'autre, que faire ?
Avant tout, prendre ce traité pour ce qu'il est. Depuis le début de la crise de la dette grecque, en 2010, les instances européennes naviguent à vue et sont capables de contourner des traités fondateurs face à un imprévu (par exemple donner des valeurs différentes à une monnaie unique, comme à Chypre ; voir ici). Dans ce contexte, on pourrait sourire de ce qu'un traité d'austérité entre en vigueur alors même que, au Fonds Monétaire International même, on reconnait une « légère erreur de calcul » concernant les effets positifs de l'austérité (voir ici, par exemple) si les conséquences quotidiennes de cette austérité n'étaient pas si dramatiques.
Ensuite, ne pas commettre l'erreur d'attendre que ce beau dispositif se casse la figure. L'austérité (aveugle en particulier) a une fâcheuse tendance à produire des idées d'extrême-droite. L'humain est un drôle d'animal qui s'en prend au premier bouc émissaire venu lorsqu'il souffre sans savoir pourquoi (c'est expliqué ici dans un bouquin écrit par le philosophe Bernard Stiegler). Il faut donc garder les mains dans le cambouis de l'explication au quotidien, dans le combat contre TINA, le « There Is No Alternative » cher aux conservateurs et consacré par le TSCG.
Enfin, l'adoption du TSCG inscrit dans les Constitutions une forme particulièrement virulente de capitalisme financier. On ne peut à la fois soutenir le TSCG et désirer un futur où "le libre développement de tous serait à la fois le but et la condition du libre développement de chacun", puisque la Règle d'Or s'interpose avant ces questions banalement humaines... S'opposer au TSCG et à ses effets à venir revient à combattre un système dans son ensemble.
A minima, on pourra se réjouir d'une telle clarification...