Chers amis, chers camarades, dont j'espère qu'il s'agit le plus souvent des mêmes.
Je suis sans mot à propos des événements tant d'Orlando que de Marseille.
Il m'en cuira sans doute d'associer dans les deux événements que furent le massacre de 50 personnes dans une boite de nuit dite "gay" (j'y reviens), plus de cinquante autres ayant été blessées, du fait d'un tireur, d'une part, et des scènes de guerre civile en préambule à un match de foot de l'Euro 2016 d'autre part.
Tant pis.
Je suis sans mot évidemment pour les victimes de cette boite de nuit dite "gay" et pour leurs familles. Ça m'emmerde de dire "boite de nuit gay", parce que j'ai rarement vu des endroits classés comme "gay" où je ne pouvais pas me rendre. Qu'on me dise qu'il s'agit d'une boite de nuit où les gays peuvent se rendre sans qu'on leur cherche des crosses, ça, oui, je veux bien. Quoi qu'il en soit, c'est bel et bien à un mode de vie et à une civilisation qu'un tueur s'est attaqué.
Je suis sans mot également pour ce qui s'est passé à Marseille, ville que je connais mal mais ville qui donne envie à tout qui, comme moi, se sent à l'aise là où tout n'est pas parfaitement rangé, là où c'est un peu crade, un peu foutraque.
Marseille où je suis certain qu'on aurait inventé le mot "brol" si cela n'avait pas été fait en Belgique.
Marseille dont mon très cher Bernard Maris a dit qu'il était impossible d'aimer la France sans aimer Marseille, cette ville qui était déjà une ville à une époque où l'Île de la Cité n'était rien.
Marseille qui, hier soir, fut le théâtre d'affrontements qui sont à mon sens une préfiguration de ce qui nous attend à une échelle extrêmement large: la possibilité que des humains se jettent les uns sur les autres dans le but de s'exterminer, sans raison aucune.
Si je fais ce rapprochement, c'est parce que je ne vois aucune piste de salut dans des solutions "ciblées", dans un cas comme dans l'autre. On peut réduire ces situations à des questions individuelles: un abruti lourdement armé dans un cas, des hordes d'abrutis lourdement imbibés dans l'autre.
Je crois pour ma part qu'il s'agit de deux symptômes de crise de civilisation, "crise" devant être pris au sens du temps de la décision.
La décision face à tout ce qui engendre humiliations, catégorisations sur le mode "eux/nous", face à un système de non-pensée qui, tous les jours, nous exhibe fièrement sa puissance, son totalitarisme, sa fierté de nous priver de la capacité à exister.
Je me cite dans un dossier auquel j'ai contribué:
"Dans ses travaux les plus récents ("Dans la disruption - Comment ne pas devenir fou?"), Bernard Stiegler établit une continuité entre divers actes « fous », reliés entre-eux par la perte du sentiment d'exister : les membres de l'équipe de Mohamed Atta, qui ont précipité des avions sur les tours du WTC et du Pentagone le 11 septembre 2001, Richard Durn qui a abattu plusieurs membres du conseil municipal de Nanterre le 27 mars 2002 avant de se suicider, Chérif et Saïd Kouachi qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, Amedy Coulibaly qui a tué quatre clients d'un magasin Hyper-Casher le 9 janvier 2015, Andreas Lubitz qui a précipité le 24 mars 2015 son avion de ligne avec ses passagers sur un flanc de montagne ou encore les équipes kamikazes qui ont décimé des terrasses et la salle du Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris, jusqu'aux équipes qui ont frappé Bruxelles le 22 mars 2016. Sans négliger l'instrumentalisation de ceux de ces actes qui sont « politiques », il établit un lien avec l'impossibilité de nous projeter dans l'avenir, et en particulier avec les dispositifs de destruction des pratiques sociales que constituent le « Big Data » dans sa version capitaliste hyper-consumériste".
C'est là que le lien s'opère de la manière la plus forte avec les abrutis de Marseille et d'Orlando: l'urgence impérieuse de se redéfinir des manière de se projeter dans l'avenir et de reconstruire des pratiques sociales.
Le pire, c'est que dire ça, c'est presque ne rien dire, puisque je n'ai pas de "décision" concrète à proposer.
Je suis sans mot.
Je suis sans mot à propos des événements tant d'Orlando que de Marseille.
Il m'en cuira sans doute d'associer dans les deux événements que furent le massacre de 50 personnes dans une boite de nuit dite "gay" (j'y reviens), plus de cinquante autres ayant été blessées, du fait d'un tireur, d'une part, et des scènes de guerre civile en préambule à un match de foot de l'Euro 2016 d'autre part.
Tant pis.
Je suis sans mot évidemment pour les victimes de cette boite de nuit dite "gay" et pour leurs familles. Ça m'emmerde de dire "boite de nuit gay", parce que j'ai rarement vu des endroits classés comme "gay" où je ne pouvais pas me rendre. Qu'on me dise qu'il s'agit d'une boite de nuit où les gays peuvent se rendre sans qu'on leur cherche des crosses, ça, oui, je veux bien. Quoi qu'il en soit, c'est bel et bien à un mode de vie et à une civilisation qu'un tueur s'est attaqué.
Je suis sans mot également pour ce qui s'est passé à Marseille, ville que je connais mal mais ville qui donne envie à tout qui, comme moi, se sent à l'aise là où tout n'est pas parfaitement rangé, là où c'est un peu crade, un peu foutraque.
Marseille où je suis certain qu'on aurait inventé le mot "brol" si cela n'avait pas été fait en Belgique.
Marseille dont mon très cher Bernard Maris a dit qu'il était impossible d'aimer la France sans aimer Marseille, cette ville qui était déjà une ville à une époque où l'Île de la Cité n'était rien.
Marseille qui, hier soir, fut le théâtre d'affrontements qui sont à mon sens une préfiguration de ce qui nous attend à une échelle extrêmement large: la possibilité que des humains se jettent les uns sur les autres dans le but de s'exterminer, sans raison aucune.
Si je fais ce rapprochement, c'est parce que je ne vois aucune piste de salut dans des solutions "ciblées", dans un cas comme dans l'autre. On peut réduire ces situations à des questions individuelles: un abruti lourdement armé dans un cas, des hordes d'abrutis lourdement imbibés dans l'autre.
Je crois pour ma part qu'il s'agit de deux symptômes de crise de civilisation, "crise" devant être pris au sens du temps de la décision.
La décision face à tout ce qui engendre humiliations, catégorisations sur le mode "eux/nous", face à un système de non-pensée qui, tous les jours, nous exhibe fièrement sa puissance, son totalitarisme, sa fierté de nous priver de la capacité à exister.
Je me cite dans un dossier auquel j'ai contribué:
"Dans ses travaux les plus récents ("Dans la disruption - Comment ne pas devenir fou?"), Bernard Stiegler établit une continuité entre divers actes « fous », reliés entre-eux par la perte du sentiment d'exister : les membres de l'équipe de Mohamed Atta, qui ont précipité des avions sur les tours du WTC et du Pentagone le 11 septembre 2001, Richard Durn qui a abattu plusieurs membres du conseil municipal de Nanterre le 27 mars 2002 avant de se suicider, Chérif et Saïd Kouachi qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, Amedy Coulibaly qui a tué quatre clients d'un magasin Hyper-Casher le 9 janvier 2015, Andreas Lubitz qui a précipité le 24 mars 2015 son avion de ligne avec ses passagers sur un flanc de montagne ou encore les équipes kamikazes qui ont décimé des terrasses et la salle du Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris, jusqu'aux équipes qui ont frappé Bruxelles le 22 mars 2016. Sans négliger l'instrumentalisation de ceux de ces actes qui sont « politiques », il établit un lien avec l'impossibilité de nous projeter dans l'avenir, et en particulier avec les dispositifs de destruction des pratiques sociales que constituent le « Big Data » dans sa version capitaliste hyper-consumériste".
C'est là que le lien s'opère de la manière la plus forte avec les abrutis de Marseille et d'Orlando: l'urgence impérieuse de se redéfinir des manière de se projeter dans l'avenir et de reconstruire des pratiques sociales.
Le pire, c'est que dire ça, c'est presque ne rien dire, puisque je n'ai pas de "décision" concrète à proposer.
Je suis sans mot.