En décidant d'un référendum appelant sa population à rejeter moins la politique d'austérité en elle-même que son caractère insatiable, le gouvernement grec n'a pas fait que (fort légitimement, j'en parle ici) renverser la table des négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Commission Européenne . Il place également devant leurs responsabilités toutes celles et tous ceux pour qui le système politique européen dans son ensemble (Union Européenne, Zone Euro mais également les états nationaux) sont dans une impasse.
En formulant la question de telle sorte qu'il souhaite qu'on y réponde « non », Monsieur Alexis Tsipras ne s'y trompe pas : c'est bien un « non » à un ensemble de pratiques et d'hypothèses qu'il appelle de ses vœux.
Et c'est en cela que ce « non » est plus une question sur « et la suite ? » qu'une réponse à un problème qui se trouverait ainsi enterré.
Une question à laquelle on répond « non » évoque plus la rupture que celle à laquelle on répond « oui », qui porte en elle la notion de continuité.
Nous sommes nombreux à souhaiter un « non », le plus franc et le plus massif possible. Force est cependant de constater que, parmi les partisans du « non », n'émerge pas de proposition positive, enthousiasmante. Sans aller jusqu'à parler de « grand soir » ou de lendemains qui chantent, à l'heure où ces lignes sont écrites, la principale raison de vouloir le « non » est... de ne pas vouloir le « oui ». Cette situation illustre de manière éclatante le mal de chien qu'il y a à penser un autre monde.
Pire, cela illustre également la difficulté qu'il y a à concevoir cet autre monde à partir d'une organisation telle qu'un parti politique. Non pas, loin s'en faut (et ce serait mal venu de ma part) que la forme « parti » soit à jeter à la poubelle mais bien que cette forme d'organisation amène immanquablement plus de difficultés que de possibilités, ici et maintenant.
Nous ne sommes pas face au néant : un grand nombre de propositions politiques existent, porteuses de changement. Aucune n'est susceptible de susciter l'élan social nécessaire à formuler ce qu'il adviendrait après un « non ». Et, de la même manière que le serpent qui se mord la queue, c'est cette absence qui rend le « non », celui des Grecs mais le nôtre également, aussi aléatoire : nous savons toutes et tous pertinemment bien que ce « non » est simplement nécessaire à l'espoir d'en finir un jour avec un système injuste et destructeur, mais il n'est en rien suffisant.
Je ne suis pas seul à me poser des questions quant à la manière de concevoir un autre possible et à vouloir le faire (aussi) en dehors des appareils politiques. Avec quelques amis, nous sommes en train de lancer un collectif, appelé « la Manivelle », qui est l'outil qui a toujours permis de relancer à la main, avec les moyens du bord, un système qui défaille. Le manifeste fondateur en est... ici.
En formulant la question de telle sorte qu'il souhaite qu'on y réponde « non », Monsieur Alexis Tsipras ne s'y trompe pas : c'est bien un « non » à un ensemble de pratiques et d'hypothèses qu'il appelle de ses vœux.
Et c'est en cela que ce « non » est plus une question sur « et la suite ? » qu'une réponse à un problème qui se trouverait ainsi enterré.
Une question à laquelle on répond « non » évoque plus la rupture que celle à laquelle on répond « oui », qui porte en elle la notion de continuité.
Nous sommes nombreux à souhaiter un « non », le plus franc et le plus massif possible. Force est cependant de constater que, parmi les partisans du « non », n'émerge pas de proposition positive, enthousiasmante. Sans aller jusqu'à parler de « grand soir » ou de lendemains qui chantent, à l'heure où ces lignes sont écrites, la principale raison de vouloir le « non » est... de ne pas vouloir le « oui ». Cette situation illustre de manière éclatante le mal de chien qu'il y a à penser un autre monde.
Pire, cela illustre également la difficulté qu'il y a à concevoir cet autre monde à partir d'une organisation telle qu'un parti politique. Non pas, loin s'en faut (et ce serait mal venu de ma part) que la forme « parti » soit à jeter à la poubelle mais bien que cette forme d'organisation amène immanquablement plus de difficultés que de possibilités, ici et maintenant.
Nous ne sommes pas face au néant : un grand nombre de propositions politiques existent, porteuses de changement. Aucune n'est susceptible de susciter l'élan social nécessaire à formuler ce qu'il adviendrait après un « non ». Et, de la même manière que le serpent qui se mord la queue, c'est cette absence qui rend le « non », celui des Grecs mais le nôtre également, aussi aléatoire : nous savons toutes et tous pertinemment bien que ce « non » est simplement nécessaire à l'espoir d'en finir un jour avec un système injuste et destructeur, mais il n'est en rien suffisant.
Je ne suis pas seul à me poser des questions quant à la manière de concevoir un autre possible et à vouloir le faire (aussi) en dehors des appareils politiques. Avec quelques amis, nous sommes en train de lancer un collectif, appelé « la Manivelle », qui est l'outil qui a toujours permis de relancer à la main, avec les moyens du bord, un système qui défaille. Le manifeste fondateur en est... ici.