(ou: convaincre en traitant les gens d'abrutis?)
C'est « le » buzz de la campagne : PTB par-ci, PTB par-là. Rien ne semble pouvoir arrêter le rouleau compresseur, à la grande joie des uns (qui s'enflamment à l'idée qu'un « vrai parti de gauche » progresse), à la grande terreur des autres (« Germaine, qu'allons-nous devenir ? Stocke du sucre et des pâtes à la cave »).
Jusqu'à ce que, patatras, la mystification soit dévoilée : le but du PTB serait ni plus ni moins que de nous faire vivre « comme à Cuba ». L'information, reprise en boucle par Reuters, l'AFP et CNN, fait évidemment l'effet d'une bombe ! Le héros qui nous aura sauvés (de justesse, mais ainsi vont les héros !) d'un destin aussi tragique est Fabrice Grosfilley, directeur de l'information sur Télé-Bruxelles, repris, dans un article qui servira d'exemple à d'innombrables générations futures de journalistes, par Dorian de Meeûs ici.
Chacun appréciera la rigueur de la démonstration : examiner (à 6.000 kilomètres de distance avec notre regard, parfaitement neutre évidemment, de petit pays riche, industriel, passablement autoritaire et qui a pour tradition de bien prendre soin d'éviter de s'aliéner le soutien de ses puissants voisins, quels qu'ils soient) un pays du Tiers-Monde qui, après avoir été le bordel, casino et terrain de jeu à ciel ouvert des mafias des États-Unis jusqu'en 1959, vit sa vie1.
C'est bête, simplement bête.
Tout d'abord parce qu'à ce jour, de programme du PTB il n'y a point, hors trois mesures : un « modèle kiwi » d'inspiration néo-libérale en matière de soins de santé2, une TVA à 6 % sur l'énergie dont le coût pour les pouvoirs publics sera alloué aux... gros consommateurs et une « taxe sur les millionnaires ». Cette mesure serait sympathique pour deux raisons qui n'ont rien à voir avec celles invoquées par le PTB (arme anti-austérité) : ce serait une mesure de justice sociale et cela réduirait les inégalités et aurait donc un effet déflatoire bénéfique dans un sens écologique au sens large (concentration du patrimoine immobilier, mode de vie dispendieux,...).
Bref, ne pas être d'accord avec le programme du PTB, en montrer les faiblesses et argumenter n'est pas si difficile que ça. Cela induit du respect pour ses militants et, tant qu'à faire, pour les électeurs potentiellement séduits. Je ne suis pas spécialiste en stratégie électorale, mais j'ai toujours comme un doute quant à l'efficacité de celle qui consiste à traiter d'abrutis des électeurs potentiels.
Enfin, même si je ne répondrais pas nécessairement comme le président par intérim du PS, Paul Magnette, à la question de savoir qui choisir entre Charles Michel et Raoul Hedebouw, j'ai tout de même un peu l'impression qu'on fait du PTB une grenouille aussi grosse qu'un bœuf. Qu'il y ait une désaffection pour les cinq partis installés n'est pas surprenant ; ce qui est surprenant est que ça n'ait lieu que maintenant. Au milieu de tous les « il n'y a pas le choix », il est assez facile pour un parti à la communication bien rodée et aux militants motivés de se faire une petite place au soleil. D'autant, et c'est un autre reproche que j'adresse aux dirigeants de ce parti, qu'il se préoccupe plus d'adopter les codes de communication (pervers) des partis installés que de susciter la construction d'une société autre, débarrassée en particulier d'un productivisme d'un autre âge.
Bref, même si le PTB se dirigeait vers un succès, si ce succès était représentatif d'un état de la société, on peine à voir comment celui-ci serait amené à déployer dans le futur un projet rassembleur.
Ceci dit en toute camaraderie, bien sûr.
1Au prix d'un blocus, ce que chacun sait, mais au prix également d'attentats perpétrés par les exilés cubains à Miami avec le soutien de la CIA, ce qu'on sait moins. Ces attentats ont causé la mort de plus de 3.500 personnes, ce qui ne facilite pas les choses..
2Ce modèle s'inspire des pratiques de la Nouvelle-Zélande et visent à mettre en concurrence les entreprises pharmaceutiques. Aux antipodes, donc, de ce que Cuba a fait, développant sa propre industrie pharmaceutique à l'ombre du blocus états-unien.
Jusqu'à ce que, patatras, la mystification soit dévoilée : le but du PTB serait ni plus ni moins que de nous faire vivre « comme à Cuba ». L'information, reprise en boucle par Reuters, l'AFP et CNN, fait évidemment l'effet d'une bombe ! Le héros qui nous aura sauvés (de justesse, mais ainsi vont les héros !) d'un destin aussi tragique est Fabrice Grosfilley, directeur de l'information sur Télé-Bruxelles, repris, dans un article qui servira d'exemple à d'innombrables générations futures de journalistes, par Dorian de Meeûs ici.
Chacun appréciera la rigueur de la démonstration : examiner (à 6.000 kilomètres de distance avec notre regard, parfaitement neutre évidemment, de petit pays riche, industriel, passablement autoritaire et qui a pour tradition de bien prendre soin d'éviter de s'aliéner le soutien de ses puissants voisins, quels qu'ils soient) un pays du Tiers-Monde qui, après avoir été le bordel, casino et terrain de jeu à ciel ouvert des mafias des États-Unis jusqu'en 1959, vit sa vie1.
C'est bête, simplement bête.
Tout d'abord parce qu'à ce jour, de programme du PTB il n'y a point, hors trois mesures : un « modèle kiwi » d'inspiration néo-libérale en matière de soins de santé2, une TVA à 6 % sur l'énergie dont le coût pour les pouvoirs publics sera alloué aux... gros consommateurs et une « taxe sur les millionnaires ». Cette mesure serait sympathique pour deux raisons qui n'ont rien à voir avec celles invoquées par le PTB (arme anti-austérité) : ce serait une mesure de justice sociale et cela réduirait les inégalités et aurait donc un effet déflatoire bénéfique dans un sens écologique au sens large (concentration du patrimoine immobilier, mode de vie dispendieux,...).
Bref, ne pas être d'accord avec le programme du PTB, en montrer les faiblesses et argumenter n'est pas si difficile que ça. Cela induit du respect pour ses militants et, tant qu'à faire, pour les électeurs potentiellement séduits. Je ne suis pas spécialiste en stratégie électorale, mais j'ai toujours comme un doute quant à l'efficacité de celle qui consiste à traiter d'abrutis des électeurs potentiels.
Enfin, même si je ne répondrais pas nécessairement comme le président par intérim du PS, Paul Magnette, à la question de savoir qui choisir entre Charles Michel et Raoul Hedebouw, j'ai tout de même un peu l'impression qu'on fait du PTB une grenouille aussi grosse qu'un bœuf. Qu'il y ait une désaffection pour les cinq partis installés n'est pas surprenant ; ce qui est surprenant est que ça n'ait lieu que maintenant. Au milieu de tous les « il n'y a pas le choix », il est assez facile pour un parti à la communication bien rodée et aux militants motivés de se faire une petite place au soleil. D'autant, et c'est un autre reproche que j'adresse aux dirigeants de ce parti, qu'il se préoccupe plus d'adopter les codes de communication (pervers) des partis installés que de susciter la construction d'une société autre, débarrassée en particulier d'un productivisme d'un autre âge.
Bref, même si le PTB se dirigeait vers un succès, si ce succès était représentatif d'un état de la société, on peine à voir comment celui-ci serait amené à déployer dans le futur un projet rassembleur.
Ceci dit en toute camaraderie, bien sûr.
1Au prix d'un blocus, ce que chacun sait, mais au prix également d'attentats perpétrés par les exilés cubains à Miami avec le soutien de la CIA, ce qu'on sait moins. Ces attentats ont causé la mort de plus de 3.500 personnes, ce qui ne facilite pas les choses..
2Ce modèle s'inspire des pratiques de la Nouvelle-Zélande et visent à mettre en concurrence les entreprises pharmaceutiques. Aux antipodes, donc, de ce que Cuba a fait, développant sa propre industrie pharmaceutique à l'ombre du blocus états-unien.