Il faut lire et écouter avec attention Nicolas Sarkozy. Et pas uniquement pour le combattre mais aussi pour tirer les leçons de ce qu’il nous apprend.
Coup sur coup, il nous a administré deux leçons magistrales. La première fois en pratiquant le négationnisme climatique (« ça fait 4,5 milliards d'années que le climat change. L'homme n'est pas le seul responsable de ce changement. »). La seconde en déclarant « Dès qu’on devient français, nos ancêtres sont gaulois ».
Négationnisme climatique
En niant la nature humaine du changement climatique, Nicolas Sarkozy étale sa supériorité dans un domaine : sentir l’état d’une partie de l’opinion susceptible de se tourner vers lui. Je suis effectivement convaincu que les discours dominants concernant le réchauffement climatique, la nécessité et les moyens de le combattre provoquent l’effet inverse de celui qui est désiré.
Est-ce à dire, suivant ainsi celles et ceux pour qui la politique est « écouter ce que les gens veulent », qu’il faut laisser tomber l’enjeu ?
C’est exactement le contraire qu’il faut faire, en tirant les leçons de l’échec du travail de conviction entrepris : nous avons été mauvais pour expliquer ce qu’est le réchauffement climatique, ses causes profondes et la manière d’attaquer ces causes.
Je pense que le discours mainstream en la matière est un discours qui a peur de lui-même, qui a peur de faire peur. Conséquence ? On promeut les « petits gestes ». Conséquences des « petits gestes » ? A un moment, chacun estime en avoir fait assez, qu’il a été suffisamment culpabilisé et que ça suffit. Alors que tout qui a travaillé sur ce sujet sait que ces « petits gestes » ont pour principale vertu… d’être petits et totalement insuffisants. Le réchauffement climatique est avant tout une question d’inégalités, c’est-à-dire de concentration du pouvoir d’achat entre un nombre assez réduit de personnes (environ 10% de la population mondiale) qui ont les moyens financiers de consommer suffisamment pour que leurs comportements soient à la base du réchauffement climatique. Donc, non seulement les « petits gestes » sont basés sur la culpabilisation de chacun, non seulement ils sont largement insuffisants mais en plus ils perpétuent des inégalités et les amplifient même puisque les plus nantis des 10% de « nantis » auront les moyens individuels de se prémunir contre les conséquences du réchauffement climatique.
En outre, le discours mainstream, sur le mode « c’est l’affaire de chacun », a suffisamment peur de lui-même pour ne pas oser ou ne pas vouloir considérer la lutte contre le réchauffement climatique comme la base d’un projet de société enthousiasmant, un projet d’élimination de privilèges, une promotion de l’être et du faire par rapport à la promotion de l’avoir et du consommer.
Bref, si Sarkozy s’enfonce dans la brèche comme dans du beurre mou, c’est avant tout parce que le discours « on fait chacun un petit quelque chose, tous ensemble » explique mal (voire pas du tout) et n’explique en particulier pas comment nous pourrions être plus enthousiastes et heureux.
« Nos ancêtres les gaulois »
La question posée par Nicolas Sarkozy est fondamentale : de quoi sommes-nous les héritiers ? Au nom de « l’intégration », de « la cohésion », des petits pas, les questions qui fâchent sont évitées.
Cela fait quelques années que, pour ma part, je pense qu’à partir du moment où des Etats importent massivement de la main d’œuvre immigrée, et bien ces états importent également le passé des individus immigrés. Je suis donc principalement blanc-bleu-belge, mais je suis également italien, espagnol, arabe, berbère...
Ainsi, par exemple, il reste fondamental d’étudier « les Lumières » ; il est devenu important également de se tourner vers Averroès et l’Islam des Lumières, exactement au même titre que, athée ou pas, on ne peut comprendre nos sociétés occidentales qu’en ayant un minimum de connaissance quant à l’histoire de nos religions, des tensions qui les ont animées (et la manière dont elles se sont massacrées l’une l’autre, aussi).
On ne se construira un avenir commun qu’en se construisant un passé commun. Voilà ce qu’il faut opposer au discours rabougri de Nicolas Sarkozy (et d'autres). Nous n’avons plus d’autre choix que d’oser le faire.
En guise de conclusion provisoire…
Les saillies de Nicolas Sarkozy et ses tentatives (désespérées selon moi, et c’est en cela qu’elles sont dangereuses) d’exister politiquement sont autant de planches d’appuis pour nombre d’entre nous sur les réseaux sociaux et autant d’occasions de pousser de hauts cris d’horreur.
Ces cris sont justifiés, mais ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu, qui est de reprendre la main et en particulier se définir son propre agenda.
Ces saillies sont donc à prendre pour ce qu’elles sont : des fuites de gaz malodorants qui doivent nous servir non pas comme objet de combat mais comme les signes de nos faiblesses que nous devons combattre.
Coup sur coup, il nous a administré deux leçons magistrales. La première fois en pratiquant le négationnisme climatique (« ça fait 4,5 milliards d'années que le climat change. L'homme n'est pas le seul responsable de ce changement. »). La seconde en déclarant « Dès qu’on devient français, nos ancêtres sont gaulois ».
Négationnisme climatique
En niant la nature humaine du changement climatique, Nicolas Sarkozy étale sa supériorité dans un domaine : sentir l’état d’une partie de l’opinion susceptible de se tourner vers lui. Je suis effectivement convaincu que les discours dominants concernant le réchauffement climatique, la nécessité et les moyens de le combattre provoquent l’effet inverse de celui qui est désiré.
Est-ce à dire, suivant ainsi celles et ceux pour qui la politique est « écouter ce que les gens veulent », qu’il faut laisser tomber l’enjeu ?
C’est exactement le contraire qu’il faut faire, en tirant les leçons de l’échec du travail de conviction entrepris : nous avons été mauvais pour expliquer ce qu’est le réchauffement climatique, ses causes profondes et la manière d’attaquer ces causes.
Je pense que le discours mainstream en la matière est un discours qui a peur de lui-même, qui a peur de faire peur. Conséquence ? On promeut les « petits gestes ». Conséquences des « petits gestes » ? A un moment, chacun estime en avoir fait assez, qu’il a été suffisamment culpabilisé et que ça suffit. Alors que tout qui a travaillé sur ce sujet sait que ces « petits gestes » ont pour principale vertu… d’être petits et totalement insuffisants. Le réchauffement climatique est avant tout une question d’inégalités, c’est-à-dire de concentration du pouvoir d’achat entre un nombre assez réduit de personnes (environ 10% de la population mondiale) qui ont les moyens financiers de consommer suffisamment pour que leurs comportements soient à la base du réchauffement climatique. Donc, non seulement les « petits gestes » sont basés sur la culpabilisation de chacun, non seulement ils sont largement insuffisants mais en plus ils perpétuent des inégalités et les amplifient même puisque les plus nantis des 10% de « nantis » auront les moyens individuels de se prémunir contre les conséquences du réchauffement climatique.
En outre, le discours mainstream, sur le mode « c’est l’affaire de chacun », a suffisamment peur de lui-même pour ne pas oser ou ne pas vouloir considérer la lutte contre le réchauffement climatique comme la base d’un projet de société enthousiasmant, un projet d’élimination de privilèges, une promotion de l’être et du faire par rapport à la promotion de l’avoir et du consommer.
Bref, si Sarkozy s’enfonce dans la brèche comme dans du beurre mou, c’est avant tout parce que le discours « on fait chacun un petit quelque chose, tous ensemble » explique mal (voire pas du tout) et n’explique en particulier pas comment nous pourrions être plus enthousiastes et heureux.
« Nos ancêtres les gaulois »
La question posée par Nicolas Sarkozy est fondamentale : de quoi sommes-nous les héritiers ? Au nom de « l’intégration », de « la cohésion », des petits pas, les questions qui fâchent sont évitées.
Cela fait quelques années que, pour ma part, je pense qu’à partir du moment où des Etats importent massivement de la main d’œuvre immigrée, et bien ces états importent également le passé des individus immigrés. Je suis donc principalement blanc-bleu-belge, mais je suis également italien, espagnol, arabe, berbère...
Ainsi, par exemple, il reste fondamental d’étudier « les Lumières » ; il est devenu important également de se tourner vers Averroès et l’Islam des Lumières, exactement au même titre que, athée ou pas, on ne peut comprendre nos sociétés occidentales qu’en ayant un minimum de connaissance quant à l’histoire de nos religions, des tensions qui les ont animées (et la manière dont elles se sont massacrées l’une l’autre, aussi).
On ne se construira un avenir commun qu’en se construisant un passé commun. Voilà ce qu’il faut opposer au discours rabougri de Nicolas Sarkozy (et d'autres). Nous n’avons plus d’autre choix que d’oser le faire.
En guise de conclusion provisoire…
Les saillies de Nicolas Sarkozy et ses tentatives (désespérées selon moi, et c’est en cela qu’elles sont dangereuses) d’exister politiquement sont autant de planches d’appuis pour nombre d’entre nous sur les réseaux sociaux et autant d’occasions de pousser de hauts cris d’horreur.
Ces cris sont justifiés, mais ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu, qui est de reprendre la main et en particulier se définir son propre agenda.
Ces saillies sont donc à prendre pour ce qu’elles sont : des fuites de gaz malodorants qui doivent nous servir non pas comme objet de combat mais comme les signes de nos faiblesses que nous devons combattre.