Ainsi donc, il aura fallu se lever, en ce 8 janvier 2015. Cette année, comme toutes les années, le 8 janvier tombe après le 7. Sauf qu'en 2015, la quasi totalité de la rédaction d'un journal a été exterminée le 7 janvier.
Difficile, donc, de se coucher tôt le 7 janvier. Par contre, le 8, en raison d'une obligation professionnelle, je me suis levé à 5h 30, une heure plus tôt que d'habitude.
C'est donc mort crevé que je m'en fus de chez moi, à 8h 20 du matin, la tête et le cœur remplis de chagrin, dans le froid et la pénombre, sous une petite pluie fine particulièrement merdique, sur mon vélo, comme chaque jour.
J'avais fait vingt mètres que, comme souvent, un connard avec sa bagnole pourrie fait mine de quitter sa place de stationnement , comme si je n'étais pas là. Je crie une première fois. Il continue. Deuxième avertissement. Il fait mine de carrément faire demi-tour. Comme je suis à son niveau, s'il avance, pour moi, c'est l'hosto direct. Je hurle. Il s'arrête, lève la main pour montrer qu'il est désolé. Je poursuis.
Connard.
Je fais vingt mètres, je me retourne. Il est toujours là.
Je me dis que c'est trop con.
Je mets pied à terre, fais demi-tour, enlève mon gant droit. Je me dirige vers lui. Il sort de sa voiture.
Je lui tends la main. Il ouvre ses bras. Je suis totalement ridicule, avec mon casque de vélo, un bandeau dessous pour me protéger les oreilles qui transforme le casque en haut-de-forme, le guidon de mon vélo dans une main.
Nous nous embrassons, en pleine rue, presque devant chez moi, sous ce crachin dégueulasse.
« Je suis désolé d'avoir crié, j'ai eu peur ».
« Excusez-moi, j'ai été distrait ».
Il se frappe le cœur avec le plat de la main droit, comme le font les musulmans.
Je suis heureux, parce que nous sommes le lendemain du 7 janvier 2015, je suis heureux d'être vivant, je suis heureux de tenir dans mes bras un brave type un peu distrait, pas un connard.
Difficile, donc, de se coucher tôt le 7 janvier. Par contre, le 8, en raison d'une obligation professionnelle, je me suis levé à 5h 30, une heure plus tôt que d'habitude.
C'est donc mort crevé que je m'en fus de chez moi, à 8h 20 du matin, la tête et le cœur remplis de chagrin, dans le froid et la pénombre, sous une petite pluie fine particulièrement merdique, sur mon vélo, comme chaque jour.
J'avais fait vingt mètres que, comme souvent, un connard avec sa bagnole pourrie fait mine de quitter sa place de stationnement , comme si je n'étais pas là. Je crie une première fois. Il continue. Deuxième avertissement. Il fait mine de carrément faire demi-tour. Comme je suis à son niveau, s'il avance, pour moi, c'est l'hosto direct. Je hurle. Il s'arrête, lève la main pour montrer qu'il est désolé. Je poursuis.
Connard.
Je fais vingt mètres, je me retourne. Il est toujours là.
Je me dis que c'est trop con.
Je mets pied à terre, fais demi-tour, enlève mon gant droit. Je me dirige vers lui. Il sort de sa voiture.
Je lui tends la main. Il ouvre ses bras. Je suis totalement ridicule, avec mon casque de vélo, un bandeau dessous pour me protéger les oreilles qui transforme le casque en haut-de-forme, le guidon de mon vélo dans une main.
Nous nous embrassons, en pleine rue, presque devant chez moi, sous ce crachin dégueulasse.
« Je suis désolé d'avoir crié, j'ai eu peur ».
« Excusez-moi, j'ai été distrait ».
Il se frappe le cœur avec le plat de la main droit, comme le font les musulmans.
Je suis heureux, parce que nous sommes le lendemain du 7 janvier 2015, je suis heureux d'être vivant, je suis heureux de tenir dans mes bras un brave type un peu distrait, pas un connard.