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Chronologie de l'épidémie COVID-19 en huit dates clés (30 mai 2020)

5/30/2020

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[MISE À JOUR DE L’ARTICLE]

Le lien entre les différentes mesures prises dans le cadre de l’épidémie COVID-19 et ses effets est difficile à établir. Tout d’abord parce que ces mesures (ou absences de mesures) ont d’abord un effet direct sur les contaminations, ensuite sur les hospitalisations et enfin sur les décès.
Ensuite, et l’effet est ici psychologique, donc très important quant à la manière dont la population appréhende le déroulement de l’épidémie et les effets des mesures, l’institut fédéral de santé publique belge livre ses données chaque jour pour le jour précédent MAIS, à l’exception des données d’hospitalisations, ces données concernent plusieurs jours du passé. Par exemple, le 30 mai, Sciensano a déclaré, pour la journée du 29 mai, 23 décès alors que le fichier de données produit ne renseigne que 2 décès pour ce jour, les 21 autres ayant eu lieu auparavant. Et le même phénomène se produit pour les nombres de tests et les cas de contamination détectés.
Mon but ici est de voir si ce lien peut être établi et comment. J’ai choisi de me focaliser sur les nombre de décès, stade le plus dramatique et le plus effrayant des effets de la pandémie.
Analysant les statistiques de décès et d’admission à l’hôpital de Sciensano, je suis arrivé à établir une relation statistique forte entre la moyenne sur une semaine des admissions et les décès observés 6 jours plus tard (il s’agit donc ici des décès réellement enregistrés jour par jour et non des chiffres rapportés jour après jour). Cette relation donne un nombre de décès égal à 55 % des admissions avec un coefficient de détermination supérieur à 94 % sur la période commençant le 15 mars, date depuis laquelle les données d’hospitalisation sont disponibles. Les décès sont pris en compte jusque deux jours avant la publication des données, les chiffres des deux derniers jours étant sujets à modification, soit le 27 mai.
Le premier graphique (Illustration 1 ci-dessous) illustre cette correspondance.

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Illustration 1: Correspondance entre décès et moyenne sur une semaine des hospitalisations

La proportion de 55 % est élevée. Elle ne signifie pas que 55 % des personnes admises décèdent, pour deux raisons agissant en sens opposé :
  • Les décès comprennent ceux survenus hors hôpital ;
  • Les admissions à l’hôpital ne tiennent pas compte des « transferts » vers les services COVID-19, correspondant aux personnes détectées positives lors de leur hospitalisation, les personnes contaminées en cours d’hospitalisations ou celles arrivant à l’hôpital sans test mais pour des symptômes COVID.
Ces deux facteurs, le premier diminuant la proportion de personnes admises à l’hôpital qui décèdent, le second l’augmentant, n’ont pas une force constante. Le nombre d’admissions à l’hôpital est donc à considérer comme un indicateur et cet indicateur semble performant. On peut d’ailleurs remarquer que, depuis la diminution des décès journaliers, estimations et observations se croisent mais aussi, depuis une quinzaine de jours, les estimations semblent légèrement supérieures aux observations.
Quoi qu’il en soit, la courbe rouge, qui donne les projections pour les six prochains jours, sur base des moyennes des hospitalisations observées jusqu’au 29 mai, indique une décroissance des décès, avec un total de décès craints dans les 6 jours suivants de 141, soit une moyenne de 23,5 par jour.
Cette analyse donne un élément permettant d’établir une correspondance entre les différents événements à caractère public et le nombre de décès, puisqu’ils proposent un temps moyen entre hospitalisation et décès est donc de 9,5 jours (6 jours plus la durée d’une semaine divisée par deux).
Le décès est la fin malheureuse d’un processus dont la première manifestation est la contamination. Les experts du GEES et autres spécialistes suggèrent une période de deux semaines entre une mesure et ses effets, soit 14 jours. En retranchant deux jours de prudence, nous arrivons à 12 jours, ce qui fait un total de 21,5 jours, arrondi à 22 jours.
Cette durée de 22 jours peut maintenant être testée. Pour cela, je prends quelques points marquants du graphe des décès (Illustration 2).
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Illustration 2: Dates marquantes dans le graphe des décès de l'épidémie COVID-19 (au 30 mai 2020)

Ces dates sont, de gauche à droite :
  • le 23 mars, premier moment de forte poussée qui se prolonge par une exponentielle régulière ;
  • le 1er avril, premier moment où l’augmentation est très élevée, passant de 185 à 247 décès ; ensuite, la dynamique de l’exponentielle change de régime et monte sur une autre exponentielle ;
  • le 4 avril, nouveau moment de forte poussée ;
  • le 9 avril, moment où la courbe s’inverse : il y a toujours une croissance, mais moins forte, juste avant le sommet ;
  • le 17 avril, moment où la diminution très brutale s’arrête, avec un nouveau changement de régime ;
  • le 2 mai, nouveau moment où, après une diminution importante de nouveaux décès, la diminution ralentit et change à nouveau de régime ;
  • le 16 mai, moment où l’ordre de grandeur de la diminution chute définitivement, la diminution devenant lente ;
  • le 26 mai, moment où il y a un nouveau pic, après une période de décroissance lente.
Le graphe suivant est identique au précédent, avec un commentaire sur les événements marquants survenus 22 jours auparavant (Illustration 3).

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Illustration 3: Que s'est-il passé 22 jours avant?

On voit donc que, aux huit points identifiés sur la courbe, correspondent, 22 jours auparavant, respectivement :
  • le 1er mars, la fin du congé de carnaval ;
  • le 10 mars, les mesures de distanciation sociale, qui cassent l’exponentielle et la font monter à un autre régime ;
  • le 13 mars, la « lock-down party », suite aux mesures annoncées plus de 24 heures à l’avance de fermeture de l’HORECA ;
  • le 18 mars, le confinement (deux jours après la fermeture des écoles) ;
  • le jeudi avant les vacances de Pâques, qui casse la dynamique de descente ;
  • le vendredi de Pâques, qui correspond, si mes souvenirs sont exacts, à un beau week-end, à la suite duquel le régime change à nouveau ;
  • la conférence de presse du 24 avril ;
  • la toute première phase 1.A du déconfinement du 4 mai.
[ICI SE TROUVE LA PRINCIPALE MISE À JOUR/CORRECTION]
Nous en sommes restés jusqu’ici à l’intuition que peut fournir l’examen visuel d’un graphique et avons réussi à établir une correspondance entre des mouvements dans la courbe des décès et des événements passés. Souvenons-nous maintenant que la propagation de l’épidémie est exponentielle. Pour refléter cela graphiquement, il faut prendre le logarithme du nombre de décès (Illustration 4).

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Illustration 4 : Échelle logarithmique

Le passage de l’échelle linéaire à l’échelle logarithmique fait perdre le détail des chocs dans la courbe. En revanche, les segments « droits » permettent de voir les périodes où le régime de l’épidémie est constant. Pour compléter l’analyse, il faut alors ajuster ces segments de droite sur ces périodes successives.
L’Illustration 5 montre cela graphiquement.

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Illustration 5 : Ajustement de segments sur les différentes périodes

À ce stade, on voit que les périodes identifiées font sens. Pour finaliser l’analyse, il faut examiner les chiffres précis de l’ajustement de ces segments de droite. Ces chiffres sont donnés pour les périodes correspondantes.

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Les deux premières colonnes donnent la période analysée. La troisième colonne donne la puissance de l’épidémie.
On voit que celle-ci est extrême durant la première période puis qu’elle est réduite d’environ 60 % durant la deuxième (la pente passe de 0,3245 à 0,1252). Peut-être est-ce du à la fin de l’importation de cas avec la fin du congé de carnaval et les premières restriction en matière de déplacement ?
La troisième ligne montre l’effet des premières mesures dites de « distanciation sociale », qui divisent la force de l’épidémie par trois, comme le montre la pente qui passe de 0,1252 à 0,0407, avec un effet « lock down party » qui reste visible.
La quatrième ligne montre l’effet de la fermeture de l’HORECA, qui réduit la puissance de l’épidémie de 30 %.
La cinquième ligne montre ce qui se produit dans les huit jours suivant le confinement, où l’épidémie est cassée.
Les deux lignes suivantes couvrent respectivement la période qui va jusqu’au week-end de Pâques puis du week-end de Pâques à la conférence de presse du 24 avril. La décroissance de l’épidémie est très forte. Elle est à peu de chose près équivalente durant les deux périodes, ce qu’on ne peut pas voir sur le graphique linéaire.
Ce qu’on ne peut pas voir non plus sur le graphique linéaire, c’est que le segment durant la deuxième de ces périodes « saute », ce qui est représenté par la colonne « origine », qui passe de 8,1957 à 8,3520. Cela n’a l’air de rien, mais ça veut dire une augmentation de 17 %. On peut conjecturer qu’il y a eu un effet unique de ce week-end, qui n’a pas affaibli la tendance générale après avoir augmenté le nombre de personnes atteintes de 17 % d’un coup.
Ensuite, après la conférence de presse du 24 avril, la vitesse de régression de l’épidémie est divisée par 20, ce qui est énorme. Donc, oui, il est exact que l’épidémie régresse toujours. Mais, alors que jusqu’au 24 avril, il fallait un peu moins de 10 jours pour que le nombre de décès soit divisé par deux, il faut maintenant, si le rythme reste constant, presque sept mois pour arriver au même résultat.

En conclusion, la mise en parallèle de ces points marquants de la courbe et des événements survenus 22 jours plus tôt ne vaut pas preuve. La concordance est cependant frappante et se répète à huit reprises, qui correspondent à tous les moments marquants de la période que nous venons de vivre.
Ces résultats sont dès lors soumis aux commentaires des lecteurs. Je soumets en particulier à la discussion les éléments suivants :
  1. Les différentes phases de confinement semblent avoir été efficaces ;
  2. L’annonce plus de 24 heures à l’avance de la fermeture de l’HORECA semble avoir été une « boulette » qui a entraîné des « lock down parties » qui ont eu un effet visible ;
  3. la manière dont Sciensano rapporte ses chiffres induit une discordance qui, pour compréhensible qu’elle soit, n’est jamais soulignée et est inaccessible au profane ;
  4. Le rythme de régression de l’épidémie semble avoir été cassé par la conférence de presse du 24 avril, ce qui soulignerait l’importance des messages et prises de position des autorités politiques et sanitaires ; l’effet des premières mesures de déconfinement du 4 mai sur le nombre de décès n’est pas encore visible ;
  5. l’attention médiatique et politique a été concentrée sur la crainte d’une deuxième vague, qui ne vient pas ; si tout le monde peut s’en réjouir, on peut néanmoins se poser la question de savoir s’il n’aurait pas été possible, en prolongeant des messages plus durs pendant une courte période, de venir à bout plus rapidement de l’épidémie ; nous en sommes aujourd’hui à une sorte de phase grise qui pourrait durer, durant laquelle beaucoup de gestes quotidiens restent difficiles et l’essentiel de la vie sociale reste handicapé et des décès qui pourraient continuer à s’élever à plusieurs centaines par mois, soit une mortalité plus élevée que par le passé.

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Paiement de dividendes par temps de coronavirus : comment se faire couillonner en douce ?

4/2/2020

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L’épidémie meurtrière du coronavirus a des répercussions économiques et financières incalculables.
Pas de chance : ça tombe pendant la période où la plupart des entreprises décident du montant de dividende qu’elles vont payer.
Donc, ça fait tache et de nombreuses voix se sont virilement élevées pour dénoncer le scandale que constituerait le paiement de dividendes alors que certains d’entre-nous de demandent comment elles et ils vont se payer à manger.
Ça fait aussi tache alors que les pouvoirs publics doivent mettre la main à notre portefeuille pour soutenir financièrement ces entreprises. Donc le monde politique commence à froncer les sourcils.
C’est une très bonne chose.
Et qu’est-ce que ça va changer ?
Strictement rien, ou presque !
Il faut que ces dividendes se soient pas payés et il faut être lucides quant au fait que ça ne change RIEN !
Pourquoi ?
Parce cet argent reste la propriété des entreprises, donc de leurs actionnaires.
Donc il leur suffit de passer une simple opération comptable pour pouvoir payer ces dividendes l’année prochaine.
« Ah mais, me direz-vous, ça veut dire que les actionnaires ne touchent pas cet argent. C’est toujours ça de pris ! »
Non.
Et pourquoi ça ?
Et bien simplement parce que au moment où une entreprise paie les dividendes, sa valeur diminue d’autant. Si le cours de bourse d’une entreprise est de 50 euros et qu’elle paie 2 euros de dividende par action, le jour du paiement, le cours descend de 2 euros.
Ça veut dire que le patrimoine des actionnaires ne bouge absolument pas. Simplement, il n’est pas disponible en cash, puisque le cours contiendra toujours la valeur des dividendes.
Et encore…
Le propriétaire de 100 actions, qui aurait donc du toucher 200 euros de dividende, peut simplement simplement vendre 4 actions. Dans la situation avec paiement de dividende, il est propriétaire de 100 actions, qui ne valent plus que 4.800 euros, et a 200 euros de cash. S’il n’y a pas de dividende, il est propriétaire de 96 actions qui valent ensemble 4.800 euros et il a 200 euros de cash….
Mieux, l’entreprise peut très bien décider elle-même de racheter ses propres actions…
Ne pas payer de dividendes change quelque chose uniquement si l’entreprise se casse la figure.
Bref, oui, il ne faut pas que ces dividendes soient payés mais non, il ne faut pas penser que ça changera quoi que ce soit.
Pour que ça change quelque chose, il faudrait que les dividendes soient gracieusement payés aux travailleurs de l’entreprise ou qu’ils soient payés à la communauté au titre de contribution.
À ce stade, mon imagination s’arrête quant à ce qu’il faut faire pour que ce soit possible. À part une nationalisation, je ne vois pas...


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Le nazisme est une fracture

10/3/2019

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Parmi les quatre élus socialistes et écologistes francophones au Parlement Européen, il ne s’en est pas trouver un seul pour marquer son opposition à une résolution traitant sur un pied d’égalité nazisme et communisme. Et parmi les trois qui ont voté cette résolution (la quatrième s’est abstenue), il ne s’en est pas trouvé un seul pour me fournir une explication, malgré le fait que nous ayons eu à plusieurs reprises des contacts.
En conséquence, je déclare votre vote comme étant une honte. Honte à l’histoire au premier chef. Honte aux 60 millions de victimes du nazisme ensuite : résistants allemands, tziganes, juifs, villageois de Lidice ou d’Oradour-sur-Glane ou militaires ayant combattu le nazisme. En décrétant une équivalence entre le nazisme et autre chose, quelle que soit cette autre chose, vous souillez la spécificité du sens de leur mort.
Le nazisme est né il y a presque cent ans, au début des années 1920. Il se définit autour d’une vision politique : la suprématie de la race aryenne et la haine mortelle envers les Juifs. Il se définit autour de méthodes d’action : le crime. Le crime non pas au sens de la raison d’État, du combat, d’accidents. Le crime en tant que méthode. Le crime en tant qu’organisation.
Les nazis n’ont pas été les seuls à mettre en œuvre une politique raciste. Mais ils sont été les seuls à la structurer de manière aussi fine (les lois de Nuremberg en 1935), ils ont été les seuls à traduire cette politique en une forme de guerre civile qui a, dès leur accession au pouvoir, déclaré quartier libre à l’expression de toute la violence possible envers ceux qu’ils haïssaient, les Juifs, et envers ceux qui étaient leurs ennemis politiques dès le départ : les communistes et plus généralement les marxistes, exclus immédiatement du Reichstag et, pour beaucoup, déportés dans les semaines qui ont suivi la nomination d’Adolf Hitler comme Chancellier.
Il faut insister sur cela : dès que le nazisme est pensé, au début des années 1920, sa vision suprémaciste pointe la lecture d’une société autour de la notion de classe sociale comme l’ennemi.

Les nazis
ont été les seuls à traduire militairement leur vision politique, en envisageant dès le départ la colonisation de l’Europe centrale et de l’Est aux fins d’y installer des allemands aryens, au nom de leur droit à un espace vital. Cette action justifie l’expansion de la fin des années 1930 et justifie les méthodes militaires employées : massacres de populations civiles, traitement inhumain de A à Z des militaires soviétiques.
Enfin, et ce n’est pas un détail, les nazis, en tant que structurellement criminels sont également des voleurs et des pillards absolus.

Enfin, si les nazis n’ont pas inventé les camps de concentration, ils ont été les seuls à concevoir un univers concentrationnaire dont
personne ne devait sortir vivant. Que ce soit par privation, par traitements inhumains ou exécutions arbitraires dans les camps de concentration réservés à leurs opposants politiques. Ou que ce soit par les exécutions massives de membres de « races inférieures » : Juifs ou Tziganes.
L’histoire reconnaît plusieurs génocides. Mais il n’y en a eu qu’un seul qui a été pensé, organisé, mis en œuvre comme l’a été la « solution finale » à la conférence de Wan
nsee en janvier 1942. Il n’y en a eu qu’un seul qui a nécessité pareille logistique, pareil effort, pareils moyens.
Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, puisque vous semblez tellement férus d’histoire européenne que vous acceptez qu’elle soit officiellement falsifiée et que le résultat soit gravé dans le marbre, puisque vous semblez tellement attachés à l’idée de définir ce qui est commun aux Européens, puisque vous voulez définir un « nous » collectif, représentatif et qui colle à notre histoire contemporaine, laissez moi vous aider.

L’histoire du 20è siècle en Europe est incompréhensible sans mettre en évidence son antisémitisme omniprésent.

Omniprésent, cela veut bien dire « pas uniquement présent en Allemagne ». Et cela veut bien dire que, à la broutille près de leur acharnement envers les communistes allemands, pendant que les lois de Nuremberg étaient promulguées, pendant la Conférence d’Évian, en juillet 1938, consacrée au « problème Juif » et visant à traiter le « problème » des Juifs qui émigraient d’Allemagne et d’Autriche, pendant la Nuit de Cristal du 11 novembre 1938 durant laquelle les Juifs furent victimes d’un pogrom à l’échelle de l’Allemagne, pendant ce temps là, oui, dans tous les pays européens, les antisémites avaient suffisamment d’influence au-delà de leurs cercles pour que nous regardions ailleurs.

Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, voter cette résolution est équivalent à déchirer une par une les pages de l’ouvrage de Primo Levi, « Si c’est un homme » et à s’en servir comme papier hygiénique.

Madame Arena, Monsieur Lamberts, Monsieur Tarabella, l’action d’une femme ou d’un homme ne peut être ramenée à un acte, à un choix, quand bien même il est terrifiant. Je vous demande de répondre à cette simple question : comment pouvez-vous assumer de dévaluer ainsi l’emprise que le nazisme a eue sur l’Humanité en tant qu’ensemble et sur l’humanité en tant que notion de ce qui fait de nous des humains ?

Mesdames et Messieurs les membres, militants, mandataires petits ou grands du Parti Socialiste et d’ECOLO, cette question s’adresse aussi à vous. En l’absence d’examen critique de ce choix posé par les intéressés et indépendamment de la qualité de votre action, votre silence vaudrait approbation.



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Libra, la cryptomonnaie de Facebook : comme un air de fin du monde…

6/19/2019

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Je soutiens ici que le lancement par Facebook de la cryptomonnaie Libra devrait faire dresser les cheveux sur la tête de n’importe quelle personne saine d’esprit. Je me base pour ma démonstration sur le travail que j’ai réalisé concernant les applications et implications environnementales de la technologie blockchain, technologie sous-jacente aux cryptomonnaies.
Je vais tout d’abord revenir sur les caractéristiques majeures de Facebook et des blockchains. Ensuite, je vais donner un bref aperçu de la combinaison envisagée par Facebook pour concevoir Libra. Je couvrirai ensuite les aspects relatifs à la monétisation de son activité sur Facebook et je terminerai en donnant quelques éléments particulièrement effrayants dans la combinaison.
Pour des raisons de temps, je fais le choix de ne pas sourcer mes informations. Les parties relatives à la blockchain se trouvent dans le mémoire que j’ai réalisé, qui est disponible sur demande.

Facebook-« je suis partout »

L’idée de base de Facebook, lors de sa conception par Mark Zuckerberg en 2004, est d’en faire un outil de notation des individus, les camarades de classe féminines de Zuckeberg en l’occurrence. Rapidement, les fonctionnalités de Facebook le transforment en « la » plateforme des plateformes, immense lieu de rendez-vous numérique qui crée l’addiction en garantissant à son utilisateur qu’il trouvera toujours ce qu’il y cherche : vidéos, articles, commentaires, contacts, « likes »,
L’activité des utilisateurs leur fait laisser des traces totalement ineffaçables qui permettent de les connaître mieux que quiconque. Cette «  connaissance » a une valeur immense : elle permet un ciblage hyper-précis qui est le rêve de la vie de tous les spécialistes du marketing. Sans que l’utilisateur ne s’en rende compte, il est l’objet d’une hyper-sollicitude qui intéresse beaucoup l’ensemble des annonceurs du numérique, des simples « vendeurs » aux responsables de campagne électorale.
Le piège est absolu au sens où il ne laisse pas le choix : il est tellement efficace que ne pas y recourir est courir le risque de l’échec. Les récentes campagnes électorales (Brexit, Trump, Salvini, Le Pen,…) en sont des exemples.
Le scandale Cambridge Analytica a permis de révéler que les données personnelles de 57 millions d’utilisateurs ont été vendues à l’équipe de campagne électorale de Trump. Les activités sous-jacentes à ce scandale sont moins connues. Il s’agissait de faire apparaître sur le « mur » de l’utilisateur des « posts » fantômes (ne correspondant à aucun utilisateur) qui correspondent à ses peurs les plus profondes en vue d’orienter son choix électoral.
Les récentes élections générales en Belgique ont vu un succès retentissant d’un parti d’extrême-droite, le Vlaams Belang, dont de nombreux responsables flirtent explicitement avec des nostalgiques du 3ème Reich ou sont sous le coup d’instructions judiciaires pour propos racistes ou négationnistes. Le Vlaams Belang est également celui des partis qui a, et de loin, eu le plus recours à Facebook pour sa campagne…
Mais il s’agit là de certains des effets de Facebook. Son but ultime, en grande partie réalisé, est d’être le point d’accès privilégié au Web pour ses plus de deux milliards d’utilisateurs.

Les meilleures et pires promesses de la blockchain et des cryptomonnaies

L’exemple le plus emblématique de blockchain, c’est le Bitcoin. Cette cryptomonnaie a été conçue pour permettre les échanges monétaires de façon totalement indépendante des organismes financiers. Pour cela, une blockchain crée une forme électronique de la confiance, c’est-à-dire une confiance pour quand il n’y a aucune raison de faire confiance. Le mécanisme de base du Bitcoin grave pour l’éternité tout ce qui s’y est passé avec le niveau de détail le plus fin possible. A partir de là, il est possible de collecter de façon totalement sécurisée un large ensemble d’informations. C’est son côté « ouvert », « pair-à-pair » et totalement sécurisé qui rend la technologie blockchain porteuses de promesses les meilleures… ou les pires.
Certaines applications permettent à des « quartiers alternatifs » de fonctionner de façon totalement indépendante de tout organe de contrôle. D’autres applications permettent de distribuer de l’énergie, d’enregistrer la production d’énergie renouvelable ou de partager des équipements (véhicules, logement,…) en court-circuitant les grandes plateformes, comme Uber ou AirBNB.
Comme la blockchain permet un « gravage dans le marbre » totalement sécurisé de toute activité, elle rend possible la commercialisation de n’importe quoi. Certains de ses thuriféraires imaginent par exemple de rémunérer en cryptomonnaie la contribution à de gigantesques bases de données à partir de son propre génome, bases de données utilisées ensuite par des géants de la pharmacie ou de la génétique ou… du monde des assurances, qui aimerait pouvoir déterminer le profil de risque de ses clients de la manière la plus fine possible.

Libra

La combinaison entre Facebook et une cryptomonnaie coule de source. Il s’agit d’une part de monétiser l’activité sur Facebook : critique de vidéo, commentaires, « likes », etc. D’autre part, à partir du moment où chacun a son petit portefeuille, la blockchain de Facebook peut alors être utilisée comme un super-réseau de paiement pour ses milliards d’utilisateurs.
Si la cryptomonnaie Libra est lancée et sera gérée opérationnellement par Facebook, elle sera administrée par une fondation, représentant un consortium d’entreprises, parmi lesquelles Visa, Mastercard et Paypal.
Quel est l’intérêt de ces géants mondiaux du paiement ? De pouvoir ajouter une option « Libra » dans toute interface de paiement… Aussi de pouvoir toucher d’un seul coup des centaines de millions d’utilisateurs qui sont pour l’instant à l’écart de toute infrastructure de paiement.
En outre, les fonds levés auprès d’investisseurs constitueront une sorte de base convertible à Libra. Le but est d’en faire une cryptomonnaie sérieuse. Si je ne mets pas de guillemets, c’est pour souligner qu’il s’agit ici d’éviter un des travers majeurs des cryptomonnaies : la grande variabilité de leur valeur et les bulles financières qui accompagnent cette variabilité.
Dernier détail : le lancement de Libra sera phasé par pays. L’Inde et l’Afrique figurent au premier rang...

Un cheval de Troye de la monétisation grand comme la pyramide de Kheops

Comme cela a été évoqué plus haut, le modèle d’entreprise de Facebook repose sur la capture et l’enregistrement de l’attention. Cela en a fait une des plus grosses valorisation boursières du monde.
Sans connaître les détails du fonctionnement de Libra, il s’agit de « valoriser », c’est-à-dire de transformer en monnaie, son activité sur Facebook. Cela signifie que à la capture de l’attention des utilisateurs s’ajoutera un intérêt économique et cet intérêt économique s’adresse avant tout aux populations de pays particulièrement pauvres et peuplés.
Il s’agit donc d’ajouter une nouvelle dépendance aux dépendances déjà existantes et cette dépendance sera une soumission très concrète au pilotage des algorithmes de Facebook.
Il s’agit d’une monétisation de l’activité d’habitants de pays du Tiers-Monde, et d’une monétisation selon de standards mondiaux. Il est impossible de dire à ce stade quelle sera la tarification de cette monétisation, mais le fait qu’elle soit mondialisée ne peut pas être une bonne nouvelle, étant donné les disparités de pouvoir d’achat qui sévissent par delà la planète.
Enfin, il s’agit d’un nouvel exemple de « travail du clic », l’ensemble de ces activités payées de façon dérisoire derrière ce qui nous paraît comme automatisé. Pour plus de détails, voir le livre d’Antonio Casilli, « En attendant les robots », au Seuil.
Enfin, pour terminer, cette entreprise consiste en une privatisation intégrale et brutale de l’accès monétaire de millions d’habitants de pays du Tiers Monde. Là encore, on peut difficilement y voir une bonne nouvelle.

Hyperdétails de la blockchain

Comme cela a été dit plus haut, une blockchain, donc une cryptomonnaie, est une manière de créer des traces indélébiles au niveau de détail le plus élevé possible.
La blockchain est ainsi vue par l’économiste ultra-libéral Hernando de Soto comme une manière pour les pays du Tiers-Monde d’accrocher une valeur à leur patrimoine. Il s’est montré particulièrement enthousiaste concernant les utilisations de blockchain pour créer des cadastres inexistants. Cela permet, à partir de terres utilisées à des fins de subsistances, de créer des actifs immobiliers. Ces actifs peuvent être l’objet de transactions financières ou servir de gage à des crédits, hypothécaires par exemple.
De ce point de vue là, Libra représente une sorte de rêve éveillé : la possibilité d’amener sur le marché du travail (et quel travail!) des millions de gens déjà largement exploités à la fois pour les exploiter encore plus et pour créer des concurrences encore plus intolérables.
J’insiste, dans mon travail, sur le fait que, si une cryptomonnaie est émancipée des rapports de force créés par les institutions officielles, elle n’en reste pas moins porteuses d’autres rapports de force.

Conclusion

J’ai fait le choix de ne pas aborder ici les bouleversements monétaires que Libra pourrait amener. Pour une question de temps mais également parce que, sur base des éléments dont je dispose, ils sont impossible à prévoir. Ces bouleversements sont amenés à être soumis à un contrôle (celui de la fondation des investisseurs), ce qui ne veut pas dire qu’ils seront négligeables.
La cryptomonnaie Libra est candidate à être un bouleversement majeur. Il est impossible à ce stade de dire ce qu’il en sera en termes de succès. Mais la tentative est bien là.
Parmi mes quelques lecteurs, j’anticipe qu’il y en aura qui ricaneront. Parce que la tentative peut échouer. Parce que ce ne sera peut-être pas si grave que cela. Que sais-je ?
À celles-là et à ceux-là, je dis très humblement : puissiez-vous avoir raison.



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Un vol en planeur pour tes vingt ans

6/5/2019

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Je rentrais chez moi après avoir déjeuné à Liège avec un ami. Je t’ai rencontré dans le train Liège-Bruxelles. Tu étais là, avec trois amis, plus des accompagnateurs, de la famille, deux jeunes guides. Aucun de vous ne parlait français. Nous avons un peu conversé en Anglais, langue que j’aime tant parler, sans jamais être vraiment certain que cette langue aime vraiment être parlée par moi.
Vous aviez été faire un petit tour en Ardennes et aviez été pris dans un embouteillage qui vous a fait manquer votre direct Liège-Paris.
Bref, connaissant un peu la gare du Midi, je me suis dit qu’un peu d’aide ne serait pas superflue : expliquer que, oui, ce train allait jusque Bruxelles-Midi, collecter les bagages face aux navetteurs qui embarqueraient pour Ostende, changer de quai etc.
Tu ne me l’as pas expliqué comme ça, c’est moi qui déduit que tu as reçu un baptême de l’air en planeur pour tes vingt ans. En fait, c’était huit jours avant tes vingt ans.
Tes vingt ans, tu l’es a eus le 13 juin 1944. Et ton vol en planeur remonte à la nuit du 5 au 6 juin 1944. Direction les arrières des plages d’Omaha Beach.
Toi et tes trois amis, vous avez 95 ou 96 ans. Vous apparteniez à la 82ème division aéroportée de l’armée des États-Unis.
Nous avons couru en tout sens dans cette maudite gare du Midi, renvoyés d’un accompagnateur de train à un chef de train qui ne voulait pas prendre le risque de vous avoir debout dans son train, qui nous renvoie au bureau Thalys, qui nous renvoie au bureau des billets internationaux, qui veut nous renvoyer vers le bureau Thalys. Après avoir été déboutés du premier train, péniblement atteint après avoir été renvoyés d’un bout à l’autre de la gare par les agents de sécurité, nous avons tenté d’en joindre un second, nous frayant un chemin parmi les voyageurs. Vous étiez là, clopin-clopant, vaillants, sans jamais émettre la moindre plainte, pas même face à ces malotrus à qui je devais demander de vous laisser passer, le plus doucement possible pour ne pas faire un esclandre qui nous aurait fait perdre du temps, devant refréner l’envie de leur botter d’importance l’arrière-train, avares des simples égards dus à votre statut de presque centenaires.
J’étais atterré à l’idée de vous demander de revenir au quai d’embarquement dont nous étions initialement partis. Pourtant nous avons fait cela. Nous avons fini par trouver un ange, complètement stressée de se faire en permanence engueuler par les autres passagers, dépourvue d’information, mais qui a compris l’importance pour vous de gagner Paris et le bus qui vous emmènerait pour la Normandie où vous devez être pour le 6 juin 2019.
Je n’ai pas voulu vous lâcher avant que vous ne soyez dans le train. Le président de l’association des anciens de la 82ème aéroportée a eu juste le temps de me lancer la médaille commémorative alors que les portes du train de refermaient.
Tu m’as expliqué que vous veniez de La Gleize, dans les Ardennes. Cela veut dire tout d’abord que chaque massacre au travers duquel tu es passé depuis la Normandie ne vous donnait que le droit d’aller au suivant. Cela veut aussi dire que tu es passé là où se trouvent de fabuleux souvenirs d’enfance. La Gleize, pour moi, c’est la maison de campagne « des sœurs Thonart », magnifiques résistantes, dont la plus célèbre, Madeleine, épouse Jacquemotte, qui ont été, dans mon histoire familiale, la première expérience de reconstruction d’une famille. Après que mon arbre généalogique ait été tailladé à vif par la guerre, elles ont pris sous leur aile le bourgeon qui était resté là, lui avez permis de grandir et, plus tard, de me donner le jour.
Je n’ai jamais été à l’armée. Je n’ai même jamais vraiment utilisé une arme à feu. Et c’est peu dire que je ne suis pas un fan du comportement des États-Unis d’Amérique à l’égard du reste du monde. Et pour moi, c’est l’Union Soviétique qui a supporté l’essentiel de l’effort nécessaire pour mettre à bas le nazisme. Mais autant je crois indispensable de garder les chiffres en tête pour comprendre l’histoire, autant je crois qu’il est tout autant indispensable de ne pas se laisser enfermer par et dans ces chiffres, et donc de garder en permanence à l’esprit que, derrière eux, il y a un ensemble de destins singuliers. Si on ne fait pas ça, alors on est prêt aux pires abominations.
Demain, vous écouterez les discours officiels : il y aura Donald Trump, Emmanuel Macron, Charles Michel, la Reine d’Angleterre aussi je crois. Ces discours seront officiels, foncièrement idéologiques.
Toi, tu m’as donné une appréhension concrète de ce qu’a voulu dire de monter dans ces planeurs – j’aime tant le planeur, que j’ai longuement pratiqué – dont les pilotes étaient totalement inexpérimentés, d’avoir cette peur ingérable de ce vol, de ces combats, de tous ces morts que vous avez vus, de vos familles qui avaient envoyé d’authentiques enfants de 19 ans à l’autre bout du monde.
De tout cela, et du reste aussi évidemment, je te remercie.

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Jour de colère: que voulons-nous?

12/9/2018

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J’écris ce billet le jour où un parti qualifié d’extrême-droite xénophobe par France Inter, la NVA, quitte le gouvernement fédéral belge. Comme s’y cristallisent un certain nombre de mes opinions, j’en fais un billet de blog plutôt qu’un simple statut Facebook.
Je suis en colère envers mes ami.e.s qui se réjouissent de ce départ.
Je suis en colère parce que ce départ est présenté comme une victoire : à lire les déclarations de certains, on se croirait revenu aux débuts de la Commune de Paris ou du Front Populaire.
Je soutiens que c’est se payer de mots, que c’est une illusion, qui est la la dangereuse cousine du rêve.
Vous ne voulez plus de la NVA au gouvernement ?
Chers ami.e.s, je suis désolé d’être cru, mais la gadoue que vous avez dans les oreilles et les yeux a t-elle atteint votre cerveau, au point que vous ayez oublié QUI est la NVA ?
C’est un parti qui s’est donné pour but une Flandre indépendante et ultra-libérale.
Leur seul intérêt à participer à un gouvernement fédéral n’est que de rendre le pays (encore) plus ultra-libéral, au point qu’il en devienne ingouvernable.
Pour le reste, la NVA se fiche comme un poisson d’une pomme d’être au pouvoir au niveau fédéral.
Ensuite, le chemin le plus direct est de voter, d’appeler à voter, bref, de militer pour le Parti Socialiste. Et ainsi de se préparer à avoir à nouveau le « cœur qui saigne »1.
Tout cela est aberrant depuis tellement longtemps que cela en devient scandaleux.
Je n’ai rien contre la masturbation, mais c’est scandaleux de la revendiquer comme accès au bonheur.
Je vais poursuivre par une allégorie.
Un homme rend visite à un ami. Celui-ci lui trouve une mine abominable. Il lui explique que son malheur a commencé en trouvant une vieille lampe à huile dans son grenier. Un génie en est sorti, lui promettant d’exaucer trois vœux.
« Quoi, mais c’est formidable ! Peux-tu me donner cette lampe ? »
Malgré ses mises en garde, le visiteur lui donne la lampe et s’en va.
Resté seul, il frotte la lampe, un génie en sort, et lui dit : « quel est ton premier vœu ? ».
« Ah, je voudrais 100.000 euros ! ».
À ce moment, on sonne à la porte. C’est un représentant de la compagnie de tramways, qui lui explique que, suite à une erreur, son fils a été écrasé par un tram et qu’il lui apporte 100.000 euros en guise de compensation.
Fou de douleur, l’homme demande au génie de faire revenir son fils. Le fantôme de son fils apparaît alors et vient le hanter jusqu’à la fin de ses jours.
L’homme demande alors au génie comment il peut se débarrasser de lui. À ce moment, son téléphone sonne, et un ami l’invite à lui rendre visite.
Fin de l’allégorie.
Elle illustre que nous confondons très souvent ce que nous croyons vouloir et ce que nous voulons vraiment.
Elle appuie comme sur une vieille blessure sur notre incapacité à être cohérents quant à ce que nous voulons.
C’est comme cela que j’interprète ET la colère de Gilets Jaunes ET l’incapacité des partis politiques à y répondre.
On me dira que la présence de la NVA est un obstacle à ce que nous voulons vraiment. Ce n’est pas totalement faux, mais c’est loin d’être totalement vrai : le premier obstacle est que nous restons englués par les obligations des institutions existantes, y compris les partis politiques qui en émanent. Ce ne sont pas la NVA ou le MR qui gagne : c’est nous qui avons perdu d’avance faute de propositions de réponses à la question « que voulons-nous ? »
Vous en voulez une preuve ?
Elle a été donnée lors des dernières élections communales du 14 octobre 2018, qui ont vu, globalement, une victoire des partis dits progressistes, PS, Écolo et PTB.
Dites-moi, chères amies, chers amis, vivez-vous réellement dans l’espoir que le « grand soir » s’annonce lors des prochaines élections ? Avez-vous vu les nantis des beaux quartiers stocker sucre et pâtes dans leurs caves en prévision de cet événement funeste pour eux ?
Non ?
Ne pensez-vous pas que c’est dû au fait que ces partis ne représentent absolument aucune possibilité d’un nécessaire changement de régime ? Au fait que leurs postures mutuellement accusatrices ne sont qu’un lamentable jeu de bac à sable relevant d’une mauvaise foi qu’on ne trouve que chez les supporters de clubs de football ?
Nous voulons un environnement viable maintenant et dans le futur et de la dignité sociale ? Nous voulons que le prix du malheur ne soit plus caché par le « coût du travail » ?
Et bien alors travaillons ensemble à ce que cela veut dire concrètement.
Mais alors, faisons-le sérieusement, c’est-à-dire en faisant fi du cadre actuel de nos institutions.
Ya basta !
Et maintenant, le peuple !

1C’est le même prix pour Écolo ou le PTB. L’attaque est plus facile envers le PS, qui exerce régulièrement le pouvoir.

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Un jour, deux photos

7/27/2018

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Les deux photos ci-dessus ont été prises le 24 juillet 2018. Elles nous parlent d'un certain nombre de choses. Il y a également un certain nombre de choses qu'elles ne nous disent pas.
La photo de gauche a fait le tour du monde. Elle a été prise à l'occasion d'une manifestation d'agriculteurs qui ont bloqué la caravane du Tour de France et en particulier le peloton des cyclistes.
Elle m'a interpelé dès que je l'ai vue.
Nous sommes en rase campagne. Il n'y a que trois personnages visibles. Les occupants de la voiture accompagnatrice du Tour sont masqués par les vitres fumées et fermées. On sait qu'il fait chaud. On peut supposer que la climatisation tourne. Une femme se tient devant la voiture. Elle est de dos. L'expression de son visage n'est donc pas visible, mais tout indique dans sa posture qu'elle est décidée.
Une autre femme se trouve à l'avant plan, à genoux. Un policier équipé (on peut voir la crosse de l'arme à sa ceinture) lui envoie une giclée de gaz (dont on apprendra qu'il est irritant) en pleine figure.
Elle détourne le visage, mais on dirait que c'est par réflexe. Son corps ne montre aucun signe de fuite. Elle sait ce qui se passe mais elle n'effectue aucun geste de fuite.
La photo ne le montre pas, mais on apprendra que la quantité de gaz pulvérisé vers les manifestants a été telle que les cyclistes ont été incommodés.
L'attitude du policier est très intéressante. C'est le personnage central de la photo. Il n'est pas en position de combat: il est en équilibre sur sa jambe droite, le pied gauche est en suspension. Il marche vers la femme pendant qu'il lui envoie le gaz dans la figure. Il porte des lunettes noires et on ne peut voir l’entièreté de son visage mais son expression est comme neutre, sans joie ni agressivité.
On dirait qu'il exécute un acte administratif, comme aposer un tampon sur un document ou relever la plaque d'un automobiliste qui n'a pas payé son stationnement.
Même s'il a l'air d'avancer, il n'est pas en contact physique avec sa victime et il n'en a pas besoin: le jet de sa bombe agit à distance. Nous sommes loins du corps à corps entre un Alexandre Benalla. Au cas où la durée de vie de cet article excéderait la durée de la notoriété d'Alexandre Benalla, rappelons qu'il a été chargé de mission du Président de la République Française, Emmanuel Macron et qu'il a eu des soucis lorsque furent révélés au grand public sa fonction et sa participation illégale à la répression d'une manifestation du 1er mai 2018, pendant son temps libre. Des vidéos ont montré son intervention. On y voit sa rage, on sent la peur des personnes qu'il moleste. Répresseur et réprimé sentent la respiration, la fébrilité et le corps l'un de l'autre.
Ici, rien de tout cela. On pourrait même presque ne pas parler d'agresseur et d'agressé mais bien de bourreau et de supplicié.
"Tu es là et je t'envoie du gaz en pleine figure. Je n'ai rien contre toi. Nous savons tous les deux que c'est la règle".
"Je suis là et tu m'envoies du gaz en pleine figure. Je n'ai rien contre toi. Nous savons tous les deux que c'est la règle".
L'atteinte à l'intégrité physique de manifestants par les forces de l'ordre est aussi ancienne que les forces de l'ordre et les manifestants. Mais que les jeunes générations sachent qu'il y eut une époque où il y avait des sommations et une répression proportionnée: "si... alors...".
Nous n'en sommes plus là: indépendamment de toute menace à des personnes ou des biens, la première action est l'atteinte à l'intégrité physique et elle a un aspect administratif et cette atteinte passe par l'utilisation de gaz offensifs.
Cela a pour moi une charge symbolique lourde.
Cela me fait penser aux images de violence de la manifestation du 1er mai, durant laquelle le cortège de tête a saccagé une concession automobile, une enseigne de restauration rapide, des distributeurs de billets et s'est durement confrontée aux forces de l'ordre. J'y vois un contrepoint populaire à la violence administrative que constitue l'utilisation a priori et sans sommation des gaz.
La photo de droite a été postée par mon amie Hélène Lenoir sur un réseau social.
Le bosquet à gauche à l'avant plan est noir. Cela indique une luminosité élevée, d'où la sous-exposition dudit bosquet qui apparait noir.
La première idée qui vient en tête est qu'il s'agit d'un paysage d'Afrique subsaharienne. Le paysage est désolé. L'herbe est rase et jaune. On voit la terre au travers.
Si on regarde le détail de l'arbre de petite taille qui se trouve au centre de la photo, on se rend compte qu'il y a un dispositif de piquets soutenant l'arbre: le paysage n'est donc pas naturel et pas uniquement en raison de la "piste" qui traverse la photo.
Nous sommes dans un parc et ce parc est celui de Kensington Gardens, à Londres, une ville connue pour être copieusement arrosée de pluies, son climat tempéré et donc ses espaces verts fort verts.
Cette photo témoigne de la sécheresse qui ravage l'Europe, du cercle polaire arctique jusqu'à la Grèce, où des dizaines de personnes ont été tuées dans un incendie.
Ce que la photo ne montre pas, c'est que des gens vont mourir. Mécaniquement. Administrativement presque.
Pas à Londres, bien sûr. Mais là où la survie des populations dépend directement de l'agriculture, au Sud.
Si l'herbe meurt à Londres, comment l'agriculture pourrait-elle fournir la nourriture nécessaire à la subsistance des populations qui en dépendent?
On ne peut pas dire avec certitudes ni où ni quand, mais puisque cette photo a pu être prise, alors des gens vont mourir, plutôt tôt que tard.
La mort par privation de nourriture a ceci de particulier qu'elle est lente et parfaitement intelligible. Cela veut dire que chacun comprend ce qui se passe en même temps qu'il ressent les affres de la faim. Si l'alimentation fait partie des besoins essentiels, c'est parce qu'elle est une condition à la civilisation. Si un groupe d'humain est privé de nourriture, très rapidement, cela entraîne des tentatives de pillage et finit par déboucher sur du cannibalisme, soit la transgression de tabous sur lesquels toute civilisation est fondée.
Et donc, inéluctablement, il y aura des morts, il y aura des conflits, il y aura des migrations, en raison de la faim et en raison des conflits.
C'est ça que ne nous dit pas cette photo de droite.
Outre la date à laquelle elles ont été prises, ces photos ont en commun d'illustrer notre accoutumance à des bouleversements majeurs dans la relation à l'autre. Relation à l'autre ailleurs, relation à l'autre plus tard. Relation à l'autre par la médiation des détenteurs de la "violence légitime", dotée d'outils qui, précisément et structurellement, la privent de toute légitimité.
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Ouvrir son cœur, à Trèbes, à Paris, partout

3/28/2018

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Bonjour les amis,
Cela fait extrêmement longtemps que nous ne sommes pas retrouvés ici. Une lassitude par rapport à la compulsion de l'écriture, un sentiment de dérisoire auquel je contribuerais en vous partageant mes sentiments, une conviction de l'importance de produire des choses qui nécessitent temps et étude qui m'ont tenu à distance de mon blog.
Deux choses me ramènent ici.
D'abord que m'exprimer même modestement sur Facebook est contribuer à faire grandir un cloaque. J'y reviendrai sans doute un de ces jours. Mon compte est toujours actif et alimenté par mon compte Twitter qui me semble moins néfaste.
Ensuite le fait que s'il est important de produire du solide et du contenu, il ne faut jamais rater une occasion de mettre en évidence le Beau, ce qui rend le monde moins insupportable.
En d'autres termes, si le nombre de choses ignobles à dénoncer croît toujours, il est dangereux de s'en tenir là. Les meilleurs dans la dénonciation ne sont pas nos amis: Trump, Le Pen, les agitateurs de haine... Il y a un impératif aussi de décrire le monde tel que nous souhaiterions qu'il soit, à toutes les échelles du monde, jusqu'aux plus petites.
Ces derniers jours, j'ai trouvé deux fleurs que je voudrais vous partager.
Nous devons la première à Monsieur Daniel Knoll. Sa maman, Mireille, a été assassinée vendredi 23 mars 2018 par un ignoble dingue qui voulait la détrousser, pensant qu'elle avait de l'argent parce qu'elle était juive. L'assassinat d'une vieille dame de 87 ans sera toujours intolérable. Quand on apprend qu'elle a succombé à la seconde tentative de la faire mourir en raison de sa culture ou de sa religion juive, cela suscite une émotion qui dépasse les frontières. Jeune, Mireille avait échappé aux séides qui voulaient l'emmener au Vel d'Hiv', d'où elle aurait inéluctablement été emmenée dans les chambres à gaz d'Auschwitz. Mireille a eu une petite vie anonyme, comme chacun d'entre nous avant de connaître l'horrible fin que nous savons.
Puis vient la polémique, trop fangeuse pour y revenir.
Puis vient son fils, Daniel, pas un jeune homme, non, et qui aurait aimé que sa maman puisse finir paisiblement ses jours.
Il suffit de penser à soi, à ses parents, à ce qu'on espère pour eux, à l'inéluctable qu'on n'accepte pas vraiment, en se disant que c'est dans l'ordre logique des choses, mais bon, tout de même, pour se faire une idée de ce à quoi Daniel pouvait penser lorsqu'il s'est élevé face à Jean-Jacques Bourdin ce 28 mars 2018 pour parler de l'assassinat de sa maman.
J'emploie le verbe "s'élever" car, face à la polémique, Daniel nous dit "moi, j'ouvre mon cœur", et, disant cela, il nous dit bien d'autres choses que j'interprète comme "si nous nous détestons, alors ce sera pire, alors cela alimentera la haine qui a causé cela". Daniel Schneidermann en parlait bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même ici: https://beta.arretsurimages.net/chroniques/les-kalifat-et-les-knoll .
La seconde fleur a poussé dans un endroit qui ne s'y prête guère: une grande surface d'un petit village du Sud-Ouest de la France. Là, un homme s'est offert en sacrifice pour "remettre le monde humain en ordre" comme l'a dit Jean-Luc Mélenchon l'autre jour à l'Assemblée Nationale, "illustrant ainsi les valeurs de foi et de philosophie auxquelles il était attaché personnellement" (voir ici: https://www.youtube.com/watch?v=g2G1vY43-n0&feature=youtu.be). Je pointe cette phrase parce que pour moi elle est la reconnaissance et l'exhortation à une fraternité humaine par delà les convictions, et qu'elle me plait beaucoup.
On me demandait l'autre jour ce que le sacrifice d'Arnaud Beltrame avait changé. J'ai répondu que cela changeait tout. Cela change évidemment tout pour l'otage qui a eu la vie sauve, mais cela change aussi tout par rapport au refus absolu de laisser passer la barbarie.
Cela change aussi tout par rapport à chacune et chacun d'entre-nous, puisque cela nous pose la question de savoir si nous aurions pu agir comme lui. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'était son métier, cela n'est pas vrai: s'il n'avait pas posé son acte, personne n'en aurait rien su.
Marchant vers sa mort, je crois qu'Arnaud Beltrame pose la question de la limite de ce que nous pouvons accepter. En d'autres termes, je pense qu'il n'y a qu'une raison de poser un pareil acte, et qui est de se dire qu'on ne pourra pas vivre après si on ne le fait pas.
Pour moi, ce qui est commun et important dans les actes de Daniel Knoll et d'Arnaud Beltrame, c'est de poser clairement et de manière indiscutable  une balise, une limite à ne dépasser sous aucun prétexte.
J'aurais préféré n'avoir rien à dire, que le village de Trèbes reste inconnu à la plupart, que Mireille Knoll soit toujours en vie et que son fils Daniel qui, quatre jours après l'assassinat de sa maman, s'élève et dit au monde "moi, j'ouvre mon cœur".
Si nous espérons ne pas avoir à faire face à aucun de ces exemples et à ces choix, au moins, "ouvrir son cœur" est quelque chose que nous pouvons faire quotidiennement, et cela rend le monde plus beau.

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Premier tour de la présidentielle: fête, défaite, leçons

4/27/2017

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Pour commenter le scrutin français du 23 avril 2017, commençons par le plus difficile: balayer devant sa porte et pointer les aspects négatifs révélés par les chiffres concernant Jean-Luc Mélenchon, mon favori, représentant la France Insoumise. Des scores impressionnants sont à relever en de nombreux endroits. Mélenchon arrive en tête, quelquefois largement, dans de nombreuses villes. Pointons Toulouse, ville passée à droite aux dernières élections municipales, Lille, où on aurait pu craindre une victoire de l'extrême-droite ou encore les départements de l'est parisien et la proche banlieue de Seine-Saint-Denis (Saint-Denis, Montreuil, Bagnolet) ou encore Marseille, Montpellier ou Le Havre. A coté des ces beaux résultats, Mélenchon n'arrive en tête dans aucune région de France Métropolitaine et perd beaucoup de terrain dans les bastions de l'extrême-droite (Alsace ou PACA). Bref, les bons résultats de Mélenchon sont trop concentrés, manifestation classique du phénomène qui veut que la voix d'un électeur militant très convaincu ne vaut pas plus que celle d'un électeur moins motivé.
La grande bonne nouvelle est que l'électorat en faveur d'un changement de régime (Mélenchon, Hamon), d'une sixième République, représente 26% des suffrages. Compte tenu de l'annonce de Philippe Poutou et de Benoit Hamon d'un appel à voter Mélenchon s'il avait été présent au second tour, on mesure le caractère proprement historique de l'événement à côté duquel nous sommes passés au soir du 23 avril. L'histoire jugera des responsabilités, d'autant que l'écart entre Le Pen, 2ème, et Mélenchon, 4ème, est extraordinairement faible, presqu'aussi faible qu'entre Macron et Le Pen.
Au rayon des bonnes nouvelles toujours, la candidate qui n'a pas réussi à faire condamner Mélenchon lorsqu'il l'a traitée de fasciste, n'arrive pas en tête, contrairement à ce qui était craint et annoncé de longue date. Tenter de comprendre pourquoi ne débouche pas que sur d'autres bonnes nouvelles. On ne peut que se réjouir, en regardant la carte des résultats, de ce que Mélenchon s'impose comme capable de capter l'électorat populaire comme cela a été relevé plus haut pour la Seine-Saint-Denis ou certains endroits du Nord. Cependant, si Le Pen est devancée par Macron, cela peut également s'expliquer par le positionnement très conservateur de Fillon et de ses soutiens catholiques fervents. Il est dès lors difficile d'imaginer que cette part là de l'électorat de Fillon va se reporter en bloc sur Macron, pas plus qu'il n'est certain que l'électorat populaire qui n'a pas porté son choix sur Le Pen au premier tour ne le fasse pas en partie au second.
On peut d'autant plus en douter que l'attitude de Macron ne cesse de surprendre, sans qu'il soit possible de trancher entre arrogance et naïveté. Peut-être n'est-ce pas simplement pas possible. Là où, il y a 15 ans, Jacques Chirac était empreint de gravité, aujourd'hui, le jeune impétrant festoie. A t-il eu jusqu'ici un seul mot appelant au rassemblement des démocrates derrière lui? A t-il eu une seule posture suggérant que son attitude différera du même Chirac s'il est élu?
Tout se passe au contraire comme si un plan se déroulait comme prévu. Car enfin, le même Macron aurait tout de même été bien embêté de se trouver face à Fillon, sur le mode « bonnet blanc et blanc bonnet ». Face à Mélenchon, cela aurait été clairement une difficile opposition entre classes populaires et classes nanties. Le Pen est la meilleure chance pour Macron d'accéder à la magistrature suprême (chance pour ses nombreux soutiens, surtout). Partant de là, partant du faible écart entre Le Pen, Fillon et Mélenchon, la manière implacable dont médias publics et privés ont pillonné Mélenchon prend une toute autre couleur : celle d'une machination cynique.
Macron est un démocrate, Le Pen non, et cela fait une différence énorme : rien ne laisse penser que le premier se réclame d'une tradition politique où l'on ouvre des camps ou où l'on commet des ratonnades. Si ce premier veut l'emporter sur cette seconde, c'est à lui à se montrer rassembleur dans ce contexte unique où les scores des quatre premiers candidats au premier tour sont si rapprochés. C'est à lui à étudier ses classiques, ce qui est particulièrement facile lorsqu'ils sont récents. Que Macron ait un score plus élevé que celui de Mélenchon n'est pas sans rappeler la victoire d'Hillary Clinton sur Bernie Sanders à la primaire démocrate. On connait la suite.
Ceux des électeurs des sept petits candidats qui ne s'abstiendront pas ont toutes les chances de se répartir à peu près également entre Le Pen et Macron. Il n'existe pas de scénario de report massif des électeurs de Fillon sur Macron. L'heure est moins que jamais à traiter son électorat comme du bétail que l'on mène dans un champ plutôt que dans un autre. A Macron donc à montrer qu'il vaut mieux que les grosses inquiétudes qu'il m'inspire.
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De l'importance des leçons politiques de Mr. Sarkozy

9/20/2016

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Il faut lire et écouter avec attention Nicolas Sarkozy. Et pas uniquement pour le combattre mais aussi pour tirer les leçons de ce qu’il nous apprend.
Coup sur coup, il nous a administré deux leçons magistrales. La première fois en pratiquant le négationnisme climatique (« ça fait 4,5 milliards d'années que le climat change. L'homme n'est pas le seul responsable de ce changement. »). La seconde en déclarant « Dès qu’on devient français, nos ancêtres sont gaulois ».
Négationnisme climatique
En niant la nature humaine du changement climatique, Nicolas Sarkozy étale sa supériorité dans un domaine : sentir l’état d’une partie de l’opinion susceptible de se tourner vers lui. Je suis effectivement convaincu que les discours dominants concernant le réchauffement climatique, la nécessité et les moyens de le combattre provoquent l’effet inverse de celui qui est désiré.
Est-ce à dire, suivant ainsi celles et ceux pour qui la politique est « écouter ce que les gens veulent », qu’il faut laisser tomber l’enjeu ?
C’est exactement le contraire qu’il faut faire, en tirant les leçons de l’échec du travail de conviction entrepris : nous avons été mauvais pour expliquer ce qu’est le réchauffement climatique, ses causes profondes et la manière d’attaquer ces causes.
Je pense que le discours mainstream en la matière est un discours qui a peur de lui-même, qui a peur de faire peur. Conséquence ? On promeut les « petits gestes ». Conséquences des « petits gestes » ? A un moment, chacun estime en avoir fait assez, qu’il a été suffisamment culpabilisé et que ça suffit. Alors que tout qui a travaillé sur ce sujet sait que ces « petits gestes » ont pour principale vertu… d’être petits et totalement insuffisants. Le réchauffement climatique est avant tout une question d’inégalités, c’est-à-dire de concentration du pouvoir d’achat entre un nombre assez réduit de personnes (environ 10% de la population mondiale) qui ont les moyens financiers de consommer suffisamment pour que leurs comportements soient à la base du réchauffement climatique. Donc, non seulement les « petits gestes » sont basés sur la culpabilisation de chacun, non seulement ils sont largement insuffisants mais en plus ils perpétuent des inégalités et les amplifient même puisque les plus nantis des 10% de « nantis » auront les moyens individuels de se prémunir contre les conséquences du réchauffement climatique.
En outre, le discours mainstream, sur le mode « c’est l’affaire de chacun », a suffisamment peur de lui-même pour ne pas oser ou ne pas vouloir considérer la lutte contre le réchauffement climatique comme la base d’un projet de société enthousiasmant, un projet d’élimination de privilèges, une promotion de l’être et du faire par rapport à la promotion de l’avoir et du consommer.
Bref, si Sarkozy s’enfonce dans la brèche comme dans du beurre mou, c’est avant tout parce que le discours « on fait chacun un petit quelque chose, tous ensemble » explique mal (voire pas du tout) et n’explique en particulier pas comment nous pourrions être plus enthousiastes et heureux.
« Nos ancêtres les gaulois »
La question posée par Nicolas Sarkozy est fondamentale : de quoi sommes-nous les héritiers ? Au nom de « l’intégration », de « la cohésion », des petits pas, les questions qui fâchent sont évitées.
Cela fait quelques années que, pour ma part, je pense qu’à partir du moment où des Etats importent massivement de la main d’œuvre immigrée, et bien ces états importent également le passé des individus immigrés. Je suis donc principalement blanc-bleu-belge, mais je suis également italien, espagnol, arabe, berbère...
Ainsi, par exemple, il reste fondamental d’étudier « les Lumières » ; il est devenu important également de se tourner vers Averroès et l’Islam des Lumières, exactement au même titre que, athée ou pas, on ne peut comprendre nos sociétés occidentales qu’en ayant un minimum de connaissance quant à l’histoire de nos religions, des tensions qui les ont animées (et la manière dont elles se sont massacrées l’une l’autre, aussi).
On ne se construira un avenir commun qu’en se construisant un passé commun. Voilà ce qu’il faut opposer au discours rabougri de Nicolas Sarkozy (et d'autres). Nous n’avons plus d’autre choix que d’oser le faire.
En guise de conclusion provisoire…
Les saillies de Nicolas Sarkozy et ses tentatives (désespérées selon moi, et c’est en cela qu’elles sont dangereuses) d’exister politiquement sont autant de planches d’appuis pour nombre d’entre nous sur les réseaux sociaux et autant d’occasions de pousser de hauts cris d’horreur.
Ces cris sont justifiés, mais ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu, qui est de reprendre la main et en particulier se définir son propre agenda.
Ces saillies sont donc à prendre pour ce qu’elles sont : des fuites de gaz malodorants qui doivent nous servir non pas comme objet de combat mais comme les signes de nos faiblesses que nous devons combattre.

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    Jean-Claude Englebert

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